Marseille: un procès requis contre l'hôpital de la Conception après la mort d'un patient perdu

Marseille: un procès requis contre l'hôpital de la Conception après la mort d'un patient perdu

Les défauts dans la surveillance de Jean Ligonnet, un patient de 72 ans, à l'hôpital de la Conception à Marseille ont-ils conduit à sa mort? C'est l'hypothèse émise par le parquet de Marseille qui a requis au début du mois de janvier un procès contre l'établissement pour "homicide involontaire" et "non assistance à personne en danger" à la suite du décès du septuagénaire en août 2019, a appris BFMTV.

Le 19 août 2019, Jean Ligonnet se rend à l'hôpital de la Conception. Depuis plusieurs mois, le septuagénaire, atteint de démence sénile liée à la maladie d'Alzheimer, vient pour une séance de chimiothérapie pour traiter un cancer de la moelle osseuse. D'habitude, un chauffeur de taxi le dépose, patiente le temps de recevoir les soins et le ramène à l'Ehpad où il vit. Mais ce jour-là, son traitement prend du retard et Jean Ligonnet doit patienter.

"Une fugue prévisible"

Arrivé vers 11 heures, ce n'est que vers 14 heures que l'équipe médicale constate la disparition du vieil homme. Immédiatement, des recherches sont organisées, la famille sillonne les couloirs de l'hôpital, les rues de Marseille et lance même un appel à témoins dans le journal La Provence.

Deux semaines plus tard, le corps de Jean Ligonnet est découvert au 6e étage, dans une aile désaffectée de l'établissement, en état de décomposition avancée, révélera l'autopsie.

"La fugue de monsieur Ligonnet était prévisible, note une expertise versée au dossier d'instruction et citée par La Provence. La décision de le garder a été prise dans l'urgence mais les locaux et la surveillance n'ont pas été adaptés au patient."

À l'époque, la directrice adjointe de l'AP-HM avait indiqué que "tout le monde se sent responsable" de ce décès mais avait estimé qu'"aucun signe de sa présence n'avait été décelé", affirmant que tout a été fait pour le retrouver. "Il aurait été préférable qu'il soit accompagné. Il était désorienté et dément", avait toutefois souligné la responsable. "L’AP-HM avait mis en œuvre une analyse immédiate des causes possibles de cet incident et avait déployé tous les moyens de signalement et de recherche, néanmoins les équipes continuent à se former et à s’exercer régulièrement en lien notamment avec les forces de police", réagit la direction auprès de BFMTV.com.

"A ce stade, nous n’avons pas de notification du juge d’instruction. Si l’AP-HM devait être renvoyée devant le tribunal pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger, elle se mettra à disposition de la justice pour apporter tout élément utile et collaborera en toute transparence avec les autorités judiciaires", poursuit-elle.

Une information judiciaire avait été ouverte. C'est au terme de ces investigations que le parquet de Marseille a requis le 4 janvier un procès pour "homicide involontaire" et "non assistance à personne en danger". La décision revient désormais au juge d'instruction en charge du dossier de suivre ses réquisitions et de renvoyer l'établissement devant le tribunal correctionnel ou de prononcer un non-lieu.

Article original publié sur BFMTV.com