Maroc : après le séisme, l’urgence

“Est-ce que nous ne faisons pas partie du Maroc, nous aussi ?” Cette phrase, ce cri, Abdellah Taïa explique dans El País l’avoir entendu dans une vidéo postée après le séisme de magnitude 6,8 qui a ravagé la province d’AlHaouz et la région de Marrakech vendredi 8 septembre, peu après 23 heures. Un père de famille vient de perdre sa femme et tous ses enfants, écrit le romancier marocain, “il veut hurler, il n’y arrive pas, il veut dire l’injustice d’être un pauvre au Maroc, un de ceux qui ne comptent pas au Maroc, il n’y arrive pas, il tremble comme un enfant et il finit par crier”.

Ce “Maroc des oubliés”, “à 100 kilomètres à peine de Marrakech et de ses palais luxueux”, c’est celui que l’écrivain a voulu mettre en avant dans ce texte. C’est aussi le titre que nous avons choisi de retenir en une de ce numéro, vu la tonalité des reportages et analyses de la presse étrangère que nous avons commencé à publier sur notre site dès le lendemain de la catastrophe.

Quelques jours après “le séisme le plus puissant à avoir frappé la région depuis plus d’un siècle” (The New York Times), le monde entier est encore sous le choc face aux images des dégâts, considérables, et au nombre de victimes, dans des régions souvent difficiles d’accès, les montagnes du Haut Atlas, où les secours ont tardé à arriver. Selon un bilan encore provisoire, mardi 12 septembre, le séisme aurait fait près de 3 000 morts (sans doute bien davantage), 2 500 blessés et 300 000 personnes sans abri – parmi elles, 100 000 enfants, selon l’Unicef. Et il risque encore de s’alourdir.

Mais ce qui a frappé la presse étrangère, face à des villages entiers détruits et à des habitants souvent livrés à eux-mêmes, coupés du monde, c’est l’absence du roi, une fois de plus, à un moment crucial de l’histoire de son pays. Une absence qui a provoqué une paralysie politique.

Il aura fallu dix-neuf heures à Mohamed VI pour réagir après la pire catastrophe qui a frappé son pays, note ainsi Ignacio Cembrero dans les colonnes d’El Confidencial. Conséquence : aucun responsable politique, aucune autorité marocaine ne s’est exprimé dans les premières heures qui ont suivi le séisme. Un attentisme qui traduit bien, selon le site espagnol, “le problème de gouvernance dont souffre le Maroc”. Les longues absences et les voyages répétés du monarque à l’étranger (en France, au Gabon…) avaient déjà fait l’objet de révélations de la presse étrangère ces derniers mois. Le Financial Times évoquait des “inquiétudes” provoquées par ces absences, et une prise de décisions souvent bloquée.

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