Maroc et Algérie, deux frères ennemis au bord de la guerre de nerfs

À écouter les autorités algériennes et marocaines, chacune a toutes les raisons d’accuser l’autre du pire. Le 24 août 2021, les deux pays, qui partagent près de 1 600 kilomètres de frontières, ont finalement rompu toute relation diplomatique. Et l’Algérie a cessé de fournir du gaz à son voisin.

Le statut du Sahara occidental au cœur de la crise

La raison première de cette querelle est le statut du Sahara occidental. Cet immense territoire désertique est revendiqué par le Maroc, depuis son indépendance en 1956 (c’était un protectorat français), mais aussi par le mouvement sahraoui du Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui demande l’indépendance.

Car le désert cache d’immenses richesses. Selon le site Sahara Online, le Sahara occidental, dernière colonie espagnole en Afrique, renferme des gisements de phosphate et de minerais divers, dont le fer.

Une décolonisation inachevée

En 1974, l’Espagne enclenche un processus de décolonisation et propose un référendum d’autodétermination sous l’égide des Nations unies : les Sahraouis doivent décider s’ils veulent devenir indépendants ou marocains.

Mais le roi du Maroc, Hassan II, lance le 6 novembre 1975 la “marche verte”, qui mobilise 350 000 volontaires civils. L’Espagne signe quelques jours plus tard, le 14, les accords de Madrid, qui prévoient le partage du territoire sahraoui entre le Maroc et la Mauritanie.

Un an après, le Front Polisario annonce la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui va devenir en 1982 membre de l’Union africaine, une organisation regroupant la quasi-totalité des pays du continent. Or, selon le droit international et l’ONU, le Sahara reste un territoire “non autonome” et ne pourra devenir souverain qu’après la tenue d’un référendum.

L’Espagne change de position

En décembre 2020, rappelle le site de l’hebdomadaire marocain Tel Quel, Donald Trump annonçait sur Twitter la “reconnaissance” par les États-Unis de “la souveraineté” du Maroc sur le Sahara.

En mars dernier, Madrid décidait, dans un brusque revirement par rapport à sa position habituelle (le soutien à un référendum) d’approuver le projet marocain d’autonomie du territoire saharien, à l’intérieur du royaume. Aussitôt l’Algérie décidait de “procéder à la suspension ‘immédiate’ du traité d’amitié” qui la liait à Madrid, tout en qualifiant ce revirement d’“inacceptable”, note le quotidien algérien L’Expression.

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