Marina Ovsiannikova : « La majorité des Russes sont dans un déni de réalité »

La journaliste et dissidente russe Marina Ovsiannikova vit désormais en exil à Paris.  - Credit:Thomas Padilla / MAXPPP / /MAXPPP
La journaliste et dissidente russe Marina Ovsiannikova vit désormais en exil à Paris. - Credit:Thomas Padilla / MAXPPP / /MAXPPP

Elle est une figure de la contre-propagande russe. Rendue célèbre dans le monde entier pour avoir brandi la pancarte « No War » en direct du journal télévisé de la chaîne pro-Kremlin, Pervy Kanal, le 14 mars 2022. La journaliste et symbole de la résistance contre la guerre, Marina Ovsiannikova, 44 ans, se raconte dans un livre à paraître ce jeudi 4 mai, No War – l'incroyable histoire de la femme qui a osé s'opposer à Poutine (L'Archipel).

Accusée de « diffusion de fausses informations sur l'armée russe », elle encourait dix ans de prison lorsqu'elle a fui Moscou, le 1er octobre dernier, dans une périlleuse évasion coordonnée par RSF (Reporters sans frontières) que nous vous racontions dans nos colonnes. Désormais réfugiée à Paris, elle se confie au Point, sur les dessous de ce coup d'éclat médiatique, ce qui l'a poussée à agir et sa nouvelle vie d'exilée. « Ce conflit est un enfer et si refuser de signer ce pacte avec le diable revient à trahir son pays, alors je préfère encore cette voie-là… »

Le Point : Que se passe-t-il dans votre esprit, ce 14 mars 2022, et qui vous pousse à l'action ?

Marina Ovsiannikova : Cela tient du cas de conscience. La guerre a éclaté environ deux semaines plus tôt, et je suis arrivée à un point de non-retour. Je travaille depuis dix-huit ans pour la chaîne pro-Kremlin Pervy Kanal, mais cette fois, c'en est trop : je ne peux plus être partie prenante de la propagande de Vladimir Poutine. Je sais ce qui se joue derrière le terme d [...] Lire la suite