Marie Vaislic : « D’où je revenais, la vie, la mort, ça n’avait aucune importance »

Marie Vaislic, déportée à l'âge de 14 ans, a aujourd'hui 93 ans.  - Credit:KHANH RENAUD POUR « LE POINT »
Marie Vaislic, déportée à l'âge de 14 ans, a aujourd'hui 93 ans. - Credit:KHANH RENAUD POUR « LE POINT »

La première fois que Marie Vaislic vit le sexe d'un garçon, ce fut à 14 ans, dans la cour de l'immeuble toulousain où elle était revenue chercher des papiers pour ses parents cachés dans une ferme, le 24 juillet 1944. Cet instant-là coïncida avec le moment où un Allemand et un milicien lui mirent la main dessus, tout en faisant baisser son pantalon à Roland, l'adolescent avec qui elle discutait, pour vérifier s'il était circoncis. Âgée aujourd'hui de 93 ans, Marie Vaislic est l'une des dernières déportées de France encore en mesure de tenter de donner forme – grâce à la plume porte-voix de notre collègue Marion Cocquet – à ce que fut la Shoah.

Une expérience de « nudité », de « mise à nu » de l'humain, réduit à des tas de cadavres, expérience à laquelle rien ne pouvait la préparer. Au retour de Ravensbrück et de Bergen-Belsen, où elle allait être successivement déportée, elle aura à annoncer à un Toulousain que son bébé, sa femme, sa mère étaient morts à Ravensbrück dans les premiers jours. Elle, qui a vu mourir des bébés, l'en informe tout à trac, regardant « sans émotion son visage se défaire » : « la vie, la mort, c'était égal pour moi, d'où je revenais, tout ça n'avait aucune importance ». Moins d'un an s'est alors écoulé depuis son arrestation.

À LIRE AUSSI « Je ne croyais pas revivre cela » : les derniers rescapés des camps nazis témoignent

À la lecture de son témoignage, Il n'y aura bientôt plus personne (éd. Grasset, avec Marion Cocquet), revient la q [...] Lire la suite