Marie-Estelle Dupont : « L’emprise est l’inverse de l’amour »

L’actualité met en lumière depuis quelque temps déjà la question de l’emprise, à travers les relations de sportifs, de comédiens, de danseurs avec des adultes en position de responsabilité à leur égard (coach, metteur en scène, professeur…).

L’emprise est un phénomène complexe, caractérisé par le traumatisme « au carré » d’être le plus souvent dénié par l’entourage de la victime. La prise de parole ô combien courageuse de Judith Godrèche l’a montré. Elle fut aussitôt accusée de vouloir profiter de son histoire pour valoriser sa série, d’abuser de la vague me too, d’instrumentaliser sa relation avec un homme de 25 ans son aîné lorsqu’elle était adolescente. Mais qui a profité de qui ? Qui a abusé de sa position ? Qui a feint d’ignorer ce que la victime ignorait d’ignorer précisément, à savoir sa vulnérabilité absolue liée à son âge ?

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L’adolescence est la période de tous les dangers psychiques, comme la petite enfance est celle de tous les dangers physiques. Les premiers pas du bébé exigent une vigilance accrue des adultes, les premières sorties de l’adolescent une attention subtile. Parce que c’est l’âge où l’identité se construit en cherchant d’autres figures d’identification que les parents, et que, si les premières figures d’attachement ont laissé chez l’adolescent un sentiment de solitude, de manque d’attention, de carences, une faible estime ...


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