Maréchal demande des « exemples » de meurtre de l’ultradroite pour relativiser leur danger, en voici

La cheffe de file de Reconquête pour les prochaines Européennes estime qu’il y a « zéro » exemple de meurtre gratuit commis par des personnes liées à la mouvance d’ultradroite.

Pour relativiser la menace, Maréchal demande des « exemples » de meurtre commis par l’ultradroite... En voici
THOMAS SAMSON / AFP Pour relativiser la menace, Maréchal demande des « exemples » de meurtre commis par l’ultradroite... En voici

POLITIQUE - « Zéro. » Pour relativiser la menace des groupes d’ultradroite sur le territoire, la tête de liste du parti Reconquête aux prochaines élections européennes a demandé ce mardi 5 décembre sur franceinfo à ce qu’on lui cite des exemples de violences ou de meurtres que des militants de cette mouvance auraient commis.

Interrogé sur l’expédition punitive de plusieurs dizaines de personnes le 25 novembre dernier, dans la ville de Romans-sur-Isère en lien avec la mort du jeune Thomas a Crépol, Marion Maréchal a ainsi expliqué ne pas vouloir participer à « une énorme manœuvre de diversion », en insistant sur le fait que selon elle, la menace réelle réside chez les « racailles » et « l’ultradélinquance. »

Et d’argumenter : « Pardon mais j’aimerais qu’on me donne un exemple en France de meurtre commis par l’ultradroite, d’attentat commis par l’ultradroite, de viol commis par l’ultradroite, d’agressions gratuites qui ont entraîné la mort. Ce n’est pas le sujet ». Pourtant, il ne faut pas remonter bien loin pour trouver des faits dramatiques ou des menaces documentées.

Federico Martín Aramburú tué à Paris

Pour l’ancienne députée du Rassemblement national, désormais bras droit d’Eric Zemmour, il y a notamment « zéro » exemple « d’agression gratuite à la sortie d’une boîte de nuit venant de l’ultra droite. » Ce n’est pas, pourtant, ce que révèle le sort de Frédéric Aramburu.

Cet ancien rugbyman argentin, qui avait notamment joué en France du côté de Dax ou Perpignan à la fin des années 2000 a été tué par balles à Paris en mars 2022, dans la rue, à la sortie d’un bar, après une première altercation survenue dans l’établissement.

Les deux principaux suspects sont deux militants ancrés à l’extrême droite : Romain Bouvier et Loïk Le Priol, un ancien militaire et militant du mouvement d’ultradroite Groupe Union Défense (GUD), qui s’était enfui jusqu’en Hongrie après les faits avant d’être interpellé. Ils ont été mis en examen notamment pour « assassinat » et sont en détention provisoire depuis. Selon les éléments de l’enquête, dévoilés par la presse, c’est un motif futile qui aurait provoqué l’enchaînement des événements dramatiques.

Les deux hommes, bien connus dans les milieux liés au militantisme d’extrême droite, ont par ailleurs été condamnés au printemps 2022 pour l’agression en 2015 de l’ancien chef du GUD Édouard Klein.

Une menace qui s’accentue ?

Parmi ces exactions, on peut évidemment citer la mort de Clément Méric en 2013 qui avait suscité une vive onde de choc dans la population. Le jeune militant a été tué au cours d’une rixe opposant un groupe antifasciste auquel il appartenait et un groupe de skinheads d’extrême droite nationaliste.

Plus récemment encore, les autorités s’inquiètent de la recrudescence de ces menaces. Gérald Darmanin, qui a annoncé son intention de dissoudre trois groupuscules liés à l’ultradroite après l’expédition punitive de Romans-sur-Isère a ainsi indiqué fin novembre que 13 attentats pouvant se lier à la mouvance ont été déjoués depuis 2017.

En août 2022, le rapport européen sur l’état et les tendances du terrorisme en Europe (TE-SAT) pointait de son côté une augmentation des interpellations pour la planification d’actions violentes liées aux idéologies d’extrême droite en France (29 en 2021, contre 5 en 2020 et 7 en 2019). Une tendance que l’on observe également à l’échelle de l’Union européenne. Bien loin du « circulez, il n’y a rien à voir », de certains.

VIDÉO - Le gouvernement appelle à ne pas céder à la violence après la mort de Thomas