Manque de sang, consultations reportées... Les hôpitaux calédoniens en difficultés face aux émeutes

Une situation difficile dans les hôpitaux. Alors que la Nouvelle-Calédonie a connu trois nuits d'émeutes, qui ont fait cinq morts dont deux gendarmes, et a été placée en état d'urgence, le territoire ultra-marin est confronté à des difficultés sur le plan sanitaire. Le haut-commissaire de la République Louis Le Franc s'est notamment inquiété ce jeudi 16 mai en conférence de presse des réserves en poches de sang dans les hôpitaux.

"Nous manquons de sang", a-t-il alerté.

"La réserve est de 90 poches et nous en consommons un grand nombre par jour. C'est très urgent", a-t-il indiqué. "Une personne dialysée a besoin de se rendre dans un centre toutes les 48 heures, au-delà, c'est vital", a encore souligné Louis Le Franc.

Un centre "vandalisé"

La situation est particulièrement complexe alors qu'un centre de don du sang a été "vandalisé", selon le haut-commissaire. "Je demande aux émeutiers de ne pas s'en prendre à ces structures", a-t-il appelé.

Le centre a dû fermer pour des raisons de sécurité, en lien avec les émeutes. "Le contexte actuel ne permet pas l’ouverture du Centre de Don du Sang", a communiqué la structure.

"Toute l’équipe se mobilise pour vous accueillir le plus rapidement possible dans les meilleures conditions", est-il précisé.

Selon le média La 1ère, des poches de sang sont censées être livrées par avion depuis l'Hexagone pour répondre aux besoins urgents, en attendant que la situation revienne à la normale.

Des dialyses reportées

Dans les hôpitaux, la situation est également complexe. "Depuis le début des graves troubles qui touchent Nouméa et les communes du Grand Nouméa, le Médipôle s’efforce de maintenir la continuité et la permanence des soins", a indiqué le centre hospitalier territorial Gaston-Bourret, situé à Dumbéa-sur-Mer, près de Nouméa, dans un communiqué ce jeudi.

"Toutefois, nous avons dû reporter l’ensemble des consultations et des prises en charge programmées, y compris en hôpital de jour, afin de prioriser les urgences", a-t-il précisé.

En raison du contexte, il est demandé aux patients "de ne pas (se) déplacer au (centre hospitalier) pour (se) fournir en médicaments". En outre, les "visites des familles sont interdites jusqu’à nouvel ordre".

Plus au nord, le Centre Hospitalier du Nord, situé à Koné, est lui aussi contraint de réduire son activité. "Nos unités de dialyse sont toujours fermées et dans l'incapacité de pouvoir accueillir patients et soignants en sécurité", a indiqué l'Association pour le traitement de l'insuffisance rénale dans un communiqué.

"Conscients du caractère absolument vital pour ces patients du traitement par dialyse, nous espérons pouvoir reprendre une activité en toute sécurité dans les meilleurs délais possibles", a-t-elle précisé.

La fédération des établissements d'accueil des personnes âgées s'inquiète également de son côté d'une potentielle "pénurie de médicaments", dans le cas où "la situation ne (revient) pas rapidement à la normale".

L'armée déployée

Les émeutes frappant la Nouvelle-Calédonie constituent la plus grave vague de violences sur l'île depuis les années 1980.

64 gendarmes et policiers ont été blessés" et "près de 200 émeutiers ont été interpellés" depuis lundi, selon Louis Le Franc. L'armée s'est déployée ce jeudi pour "sécuriser" les ports et l'aéroport du territoire.

Le territoire ultra-marin du Pacifique sud a été placé mercredi sous état d'urgence. Cinq membres de la frange radicale des indépendantistes, "commanditaires présumés de ces violents troubles à l'ordre public", ont été assignés à résidence dans ce cadre.

Article original publié sur BFMTV.com