Les Manouchian au Panthéon : ces 23 « camarades de combat » qui accompagnent le couple de résistants

Les Manouchian au Panthéon : ces 23 « camarades de combat » qui accompagnent le couple de résistants
MIGUEL MEDINA / AFP Les Manouchian au Panthéon : ces 23 « camarades de combat » qui accompagnent le couple de résistants

POLITIQUE - La patrie reconnaissante. Le résistant d’origine arménienne, communiste et apatride, Missak Manouchian va faire son entrée au Panthéon ce mercredi 21 février avec son épouse, Mélinée Manouchian, 80 ans après son exécution au Mont Valérien.

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Emmanuel Macron rend ainsi hommage à celui qui est devenu le visage du rôle joué par les étrangers en France dans la lutte contre le nazisme. « Manouchian est un français de préférence, pour reprendre le célèbre mot d’Aragon, qui est français par le cœur et le sang versé », souligne l’Élysée, en marge de cet hommage suprême.

Son cercueil, porté par des soldats de la légion étrangère, va donc remonter la rue Soufflot avant d’être accueilli au pied du Panthéon par une scénographie représentant ses camarades de combat. Car avec lui, 23 résistants font également leur entrée dans le temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de la nation française.

Une plaque qui « vaut entrée au Panthéon »

Ce sont les membres du groupe que Missak Manouchian, ouvrier et poète, dirigeait au sein des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’Œuvre Immigrée), ces unités créées par le parti communiste en 1942 - très actives à Paris - pour combattre l’occupant nazi.

« Des Juifs, des Polonais, des Hongrois, des Italiens, des Espagnols, des Roumains et des Français », selon les mots de l’Élysée, des jeunes gens de 20 ans qui ont fait un choix de résistance extrêmement courageux », avant d’être arrêtés, torturés, puis fusillés le 21 février 1944. Parmi eux, le footballeur italien Rino Della Negra, légende du Red Star, qui s’engage en 1943 dans les FTP-MOI, ou Olga Bancic, une volontaire d’origine roumaine, exécutée juste avant ses 30 ans.

Une plaque rendra donc hommage à ces 23 hommes et femmes dans la crypte du Panthéon. Elle sera installée tout proche de la dépouille de Missak et Mélinée Manouchian, à l’entrée du caveau 13. « Une forme plus symbolique », explique l’Élysée, « mais qui vaut également entrée et inscription au Panthéon au même titre » que Missak Manouchian, pour saluer « la grandeur de l’homme et de ceux qui l’accompagnent dans cette cérémonie. »

Dix d’entre eux (Thomas Elek, un Hongrois, ancien du lycée Louis-le-Grand ou Celestino Alfonso, un brigadiste espagnol de 27 ans) figuraient sur la fameuse « Affiche rouge » placardée dans les rues par l’occupant allemand pendant leur procès. Une propagande qui les présentait comme « l’armée du crime » menée par le « chef de bande » Manouchian et leur imputait « 56 attentats, 150 morts, 600 blessés ».

Hommage à la résistance étrangère

Les symboles, ce mercredi, seront multiples. Au-delà de ces 23 personnalités, auxquelles s’ajoute Joseph Epstein, le responsable des FTP de la région parisienne, également salué mercredi au Panthéon, le président de la République entend effectivement rendre hommage à la résistance communiste et étrangère, plus largement.

« À travers tout cela, ce sera l’occasion de rappeler qu’être Français, ça ne tient pas à l’origine, à la religion, au prénom, mais à la volonté », fait remarquer l’Élysée, avant la cérémonie, alors que Missak Manouchian n’a jamais obtenu la nationalité française malgré ses deux demandes.

Avec lui, ce sont non seulement « les ’23’ du procès dit de ’l’Affiche rouge’ », mais également « tous les résistants étrangers qui entrent au Panthéon », souligne en ce sens l’historien Denis Peschanski, spécialiste de la seconde guerre mondiale et des sciences de la mémoire, dans un entretien au Monde. Cette panthéonisation « est aussi celle de tous ces étrangers anonymes qui sont morts pour la France », estime pour sa part Katia Guiragossian, la petite-nièce du résistant arménien.

Huit décennies plus tard, la panthéonisation de Missak Manouchian concrétise en tout cas sa prédiction. « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement », avait-il écrit dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée, quelques heures avant d’être passé par les armes. Ce sera bientôt chose faite.

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