Manifestation au Mexique un an après le rapt de 43 étudiants

par Lizbeth Diaz MEXICO (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi à Mexico pour demander des comptes à la justice et à l'Etat un an après la disparition de 43 étudiants à Iguala, dans le sud-ouest du Mexique. Les 43 élèves enseignants ont disparu le 26 septembre 2014 à Iguala dans l'Etat de Guerrero après une manifestation qui avait donné lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre. Selon le gouvernement du président Enrique Pena Nieto, les étudiants ont été enlevés par des policiers municipaux corrompus puis remis à un cartel de la drogue local qui les a massacrés en pensant qu'ils avaient des liens avec un cartel rival, avant de brûler leurs corps et de jeter les restes dans une rivière. Mais cette version est contestée par un rapport d'experts internationaux publié il y a deux semaines, qui dénonce de nombreuses failles dans l'enquête officielle. "Le peuple est revenu pour dire au président que nous ne le croyons pas. Nous ne sommes pas stupides", a déclaré Moises Acosta, 30 ans, parmi la foule de manifestants. "C'est un mensonge que nous ne sommes pas prêts à avaler." Présents dans le cortège, les parents des jeunes disparus ont réclamé cette semaine une nouvelle enquête mais le gouvernement a seulement offert de créer une nouvelle cellule consacrée aux enlèvements. De nombreuses questions restent sans réponse dans ce dossier. Le pays n'a définitivement identifié les restes que de l'une des victimes. Vendredi, le gouvernement a promis d'envoyer de nouveaux restes humains à des experts légistes à Innsbruck, en Autriche. L'ancien maire de la ville d'Iguala et 44 autres personnes ont été inculpés de l'enlèvement en janvier dernier. Le vraisemblable massacre des 43 d'Iguala est devenu un symbole de l'incompétence et de la corruption de l'Etat mexicain, d'autant que s'y est ajouté, quelques semaines après leur rapt, un scandale de conflit d'intérêts éclaboussant le chef de l'Etat lui-même, ainsi que son épouse et son ministre des Finances. "Conflits d'intérêts, crimes d'Etat. Pena dehors !" pouvait-on lire samedi sur l'une des pancartes brandies par les manifestants. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)