"Malheureusement, on s’épuise": un village du Tarn-et-Garonne dit au revoir à son dernier médecin

Un village de plus à se retrouver démuni. Ce vendredi 21 juin, le cabinet des tilleuls, qui accueille pour quelques heures encore l'unique cabinet de médecine générale de Saint-Antonin-Noble-Val, dans le Tarn-et-Garonne, va définitivement fermer ses portes, au grand dam des presque 2.000 habitants de ce pittoresque village situé dans le causse de Caylus.

5.000 consultations par an

En cause, une surcharge bien trop conséquente de travail pour le dernier médecin encore en poste, Mathieu Boulanger, qui a vu ses trois collègues quitter les lieux ces derniers mois. Depuis, l'homme de 39 ans suit 3.400 patients pour 5.000 consultations à l’année, soit 12h de travail par jour.

"Malheureusement, on s’épuise sur des choses qui ne relèvent pas de notre formation initiale: de la paperasserie, orienter un patient en inaptitude, des problèmes de médecine du travail…", explique-t-il à BFMTV.

Et le professionnel, qui va s'installer à une quarantaine de kilomètres de là, à proximité de son lieu de résidence, d'ajouter: "et puis aussi pour sauver le médecin que j’ai dans la peau, c’est-à-dire continuer de soigner dans des conditions acceptables."

Dans les rues de Saint-Antonin-Noble-Val, l'heure est à l'inquiétude. Pour de nombreux Saint-Antoninois, la fermeture du cabinet médical laisse un goût amer, et les contraint d'effectuer plusieurs kilomètres de voiture, à condition que les autres professionnels acceptent de nouveaux patients.

"Il y a des médecins ailleurs qui ne veulent pas nous prendre parce qu’ils sont surbookés aussi, parce que le manque de médecin ici, il est ailleurs, et donc ils ne veulent pas nous prendre", dit Jean-Pierre à BFMTV.

Procédures trop lourdes

Pour sa part, la municipalité s'active afin de trouver un remplaçant potentiel à Mathieu Boulanger, et 450 professionnels ont été contactés depuis le mois de décembre. Une élue locale en appelle également à l’état et dénonce des procédures trop lourdes pour engager un médecin étranger.

"Ils sont prêts à venir travailler dans tous les déserts médicaux de France, mais on leur fait passer des concours au lieu d’examens, on leur refait passer deux ans de consolidation dans les hôpitaux. Nous on en a rencontrés, on en a fait venir ici, ce sont des médecins formidables qui parlent un Français parfait, qui sont prêts à venir, mais qui sont bloqués pour des raisons administratives", peste Alexandra Papadopoulo, adjointe au maire.

Le village, qui ne doit désormais plus que son salut à une intervention du Samu en cas d'urgence, espère idéalement trouver un nouveau médecin d'ici le mois de septembre.

Article original publié sur BFMTV.com