Maladies respiratoires en Chine : après les inquiétudes de l’OMS, ce que l’on sait de la situation

Des parents emmènent leurs enfants dans un centre d’urgences pédiatriques, à Shanghai, le 14 novembre
Future Publishing / Future Publishing via Getty Imag Des parents emmènent leurs enfants dans un centre d’urgences pédiatriques, à Shanghai, le 14 novembre

SANTÉ - La crainte d’un très mauvais téléfilm de Noël. Le communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié ce mercredi 22 novembre a rappelé de vilains souvenirs à toute la planète. Dans une communication qui fait forcément écho aux débuts du Covid, l’organisation explique s’inquiéter d’une hausse des cas de maladies respiratoires en Chine, et demande des d’informations plus détaillées à Pékin. Une situation à deux volets.

Tout d’abord, dans un contexte hivernal, les autorités chinoises ont dit le 13 novembre lors d’une conférence de presse faire face à une incidence en hausse des maladies respiratoires.

Comme le souligne l’OMS, la Chine a attribué « cette augmentation à la levée des restrictions liées au Covid-19 et à la circulation d’agents pathogènes connus tels que la grippe, le Mycoplasma pneumoniae (une infection bactérienne courante qui touche généralement les jeunes enfants), le virus respiratoire syncytial (VRS) et le SARS-CoV-2 (le virus qui cause le Covid-19) ».

« Des cas de pneumonies non confirmées »

En parallèle, les médias officiels chinois et le système de surveillance mondial ProMED, un site de veille épidémiologique qui informe en temps réel sur l’émergence de nouvelles maladies, ont chacun rapporté des cas de pneumonie « non confirmée », parfois aussi traduits par le terme « non diagnostiqué », chez des enfants dans le nord de la Chine.

Ces derniers jours, des médias locaux, notamment à Xian, ont montré des vidéos d’hôpitaux bondés de parents et d’enfants attendant d’être reçus par des médecins. Des situations similaires ont été observées à Pékin et à Liaoning. Sur les réseaux sociaux, des vidéos d’enfants en train de faire leurs devoirs une perfusion dans le bras ont également été beaucoup relayées.

« Pékin et Liaoning sont distants de près de 800 km. On ne sait pas exactement quand cette épidémie a commencé, car il serait inhabituel qu’autant d’enfants soient touchés aussi rapidement. Le rapport ne dit pas si des adultes ont été touchés, ce qui suggère une certaine exposition dans les écoles. ProMED attend des informations plus définitives sur l’étiologie (les causes des infections, ndlr) et la portée de cette maladie en Chine », écrit le rapporteur de ProMED, Dan Silver.

Ces foyers sont-ils liés à la hausse générale des maladies respiratoires ? L’OMS cherche à éclaircir cet aspect, ainsi que la provenance des informations de ProMED. L’organisation dit aussi avoir demandé mercredi à la Chine « des informations épidémiologiques et cliniques supplémentaires, ainsi que des résultats de laboratoire sur ces foyers signalés chez les enfants ».

Premières pistes d’explications

Derrière les termes « non diagnostiquée » ou « non confirmée », la principale suspecte est la bactérie Mycoplasma pneumonia. Auprès de nos confrères du Parisien, le virologue Bruno Lina se montrer assez certain : « Il s’agit bien de cette bactérie. Nous aussi, en France, on observe une recrudescence. Même si le signal est faible, on l’a rapporté ce mardi ». Cette bactérie a déjà provoqué des épidémies en Corée du Sud notamment.

Cette pneumonie est souvent peu grave et ne nécessite pas d’hospitalisation. Les symptômes sont un mal de gorge, de la fatigue, et une toux persistante qui peut durer des semaines, et parfois plus longtemps.

« La vague est particulièrement féroce depuis la fête nationale début octobre. Par rapport aux années précédentes, nous avons trouvé davantage de patients présentant des infections mixtes, une résistance aux médicaments et une pneumonie lobaire, », explique Zhou Huixia, directrice d’un centre médical dans un grand hôpital de Pékin au China Daily.

De fait, les enfants notamment ont développé une forme de résistance au traitement par azithromycine, confirme à Beijing News Yin Yudong, médecin infectiologue. Le taux de résistance pourrait même attendre les 80 % en pédiatrie.

Surtout, les spécialistes rappellent qu’il s’agit du premier véritable hiver de la Chine sans restrictions liées au Covid-19. De quoi faire dire à l’épidémiologiste Antoine Flahaut, qui commente la situation sur X (anciennement Twitter) et auprès du Parisien, que les Chinois souffrent d’une dette d’exposition. Concrètement, une partie de la population n’a pas été exposée pendant quatre ans aux maladies hivernales habituelles, elle s’y retrouve donc particulièrement sensible cette année.

« Vers la fin de l’hiver, le temps est trop froid et sec et la survie des mycoplasmes sera limitée. De plus, la concurrence d’autres virus comme la grippe dans le monde microbien limitera la propagation et l’apparition des mycoplasmes », assurait-il également Yin Yudong dans son interview donnée au début du mois. En attendant d’en savoir plus, L’OMS recommande à la population de respecter « des mesures visant à réduire le risque de maladie respiratoire ». Avec là encore, des réminiscences de l’époque de la pandémie.

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