“Magnaporthe oryzae”, ce champignon pathogène qui menace le blé

Aucune espèce n’est à l’abri d’une pandémie. Des scientifiques alertent dans un rapport paru le 11 avril sur le site PLoS Biology sur la menace qui pèse sur nos céréales, en particulier le blé. Grâce à une surveillance génomique étroite menée sur plusieurs continents, les chercheurs ont pu déterminer qu’un champignon pathogène du blé, Magnaporthe oryzae, apparu en Amérique du Sud en 1985, est désormais présent en Asie et en Afrique.

“C’est une maladie très grave. Elle menace la culture du blé dans les pays les plus pauvres du monde et a la capacité de se disséminer dans le monde entier”, souligne dans les colonnes de Nature Nick Talbot, phytopathologiste au Sainsbury Laboratory à Norwich au Royaume-Uni et coauteur de l’étude.

Parti du sud du Brésil au milieu des années 1980, Magnaporthe oryzae a atteint l’Asie par le Bangladesh en 2016. Deux ans plus tard il est détecté sur le continent africain, en Zambie. Très vite le lien de parenté entre les souches asiatique et sud-américaine a été établi, la première descendant de la seconde.

Sensible à certains fongicides

En revanche, s’agissant de la lignée africaine, rien n’était sûr. “Les chercheurs ont donc analysé plus de 500 échantillons de M. oryzae et plus de 70 séquençages génétiques”, rapporte la revue britannique. Leurs résultats sont sans appel, les lignées zambienne et bangladaise appartiennent à des branches distinctes de la lignée qui circule en Amérique du Sud. Cela suggère que le champignon a atteint indépendamment l’Afrique et l’Asie. “Ça montre que d’une manière ou d’une autre ce sont les gens qui déplacent le pathogène”, confie Hernán Burbano, généticien à l’University College de Londres et également coauteur de l’étude.

Les séquençages de M. oryzae ont aussi permis de comprendre que le champignon est sensible à certains fongicides, mais selon des expériences en laboratoire, une résistance aux produits phytosanitaires peut émerger à partir de mutations spontanées.

Bruce McDonald, phytopathologiste à l’École polytechnique fédérale de Zürich en Suisse, s’inquiète de la réduction des financements dans le monde censés assurer la surveillance et le signalement de maladies végétales émergentes. Pour le chercheur, cette veille “mondiale est insuffisante pour détecter les nouveaux foyers de toute maladie avant qu’ils ne soient déjà établis”, lit-on dans Nature.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :