Pour « Maestro », Bradley Cooper s’est préparé avec le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin

NETFLIX - Une préparation intensive menée à la baguette, et pas n’importe laquelle : celle d’un vrai maestro. Pour Maestro, son biopic sur Leonard Bernstein sorti ce mercredi 20 décembre sur Netflix, Bradley Cooper s’est entraîné avec le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin plusieurs fois récompensé aux Grammys, qui dirige l’Orchestre Métropolitain de Montréal depuis 2000.

Pour « Maestro », Bradley Cooper a travaillé pendant 6 ans pour tourner une scène de 6 minutes

Pour Bradley Cooper, acteur et réalisateur du film, il était primordial d’avoir un consultant musical pour mettre en scène la vie d’un des plus célèbres chefs d’orchestre et compositeurs américains, à qui l’on doit des classiques comme West Side Story. « Quand Bradley m’a demandé de participer à l’aventure, c’était quand même il y a quatre ans, presque cinq », se rappelle Yannick Nézet-Séguin.

L’acteur s’est préparé à ce rôle pendant des années, pour livrer une performance magistrale qui s’étale sur des décennies et plus de deux heures de film. Même si le cœur de Maestro reste l’histoire d’amour intense et complexe entre Leonard Bernstein et son épouse Felicia Montealegre, jouée avec brio par Carey Mulligan, Bradley Cooper devait avoir l’air crédible lors des scènes où il dirige un orchestre.

La technique et le style de Leonard Bernstein

La préparation a commencé par l’étude de vidéos d’archives de Leonard Bernstein. « Je les prenais, je les commentais, parfois juste en comptant les temps, d’autres fois en précisant “là il regarde à gauche parce que c’est les violons” , comme des voice over pour qu’il étudie la vidéo d’une certaine façon », a expliqué le maestro québécois au HuffPost dans l’interview vidéo en tête d’article.

« Au moment d’arriver sur le plateau, on répétait la scène entre nous, parfois avec un enregistrement », raconte-t-il. Pour aider Bradley Cooper pendant le tournage, Yannick Nézet-Séguin le guidait parfois en temps réel à l’aide d’une oreillette cachée. « Ce n’était pas pour lui dire exactement quoi faire comme un robot, mais pour qu’il puisse exprimer comme acteur tout ce que Bernstein était, tout en ayant cette sécurité technique d’arriver sur le bon moment », précise-t-il.

En plus de la technique de direction d’orchestre, Bradley Cooper a dû se familiariser avec le style bien particulier de Leonard Bernstein. Car selon le directeur de l’Orchestre Métropolitain de Montréal, la beauté de ce métier réside aussi dans le fait que chaque chef apporte sa touche personnelle. « Ça aurait été l’erreur de ce film de vouloir enseigner la direction à Bradley et qu’il ait l’air un peu scolaire. Bernstein était tout sauf scolaire. C’était une direction, une technique transcendée, où tout le corps participait », explique-t-il.

Bradley Cooper en vrai maestro

Grâce au travail de Yannick Nézet-Séguin et sa préparation exigeante, c’est réellement Bradley Cooper qui dirige l’orchestre lors des scènes de concert et de répétition de Maestro. « C’était très important pour Bradley de ne pas imiter ou d’avoir des gens qui fassent semblant de jouer. Donc les musiciens jouent réellement sur sa direction », confirme le consultant musical.

L’une des scènes les plus marquantes du film est la reconstitution d’une performance dirigée par Leonard Bernstein en 1973 dans la somptueuse cathédrale d’Ely. « Pour la fameuse symphonie de Mahler, j’ai répété avec l’Orchestre symphonique de Londres, Bradley était là. On a reconstruit une interprétation très Bernsteinienne et par la suite, Bradley pouvait diriger les musiciens sur cette interprétation », détaille le maestro.

L’orchestre jouait selon les mouvements de l’acteur et ce qu’ils avaient répété et enregistré avec Yannick Nézet-Séguin. « Il y avait comme deux chefs au service d’un chef », s’amuse-t-il. La scène de la Symphonie n °2 de Mahler a été tournée en direct et le résultat coupe le souffle pendant six minutes et 21 secondes.

Un biopic émouvant

« Je suis très ému par le résultat. Je trouve que c’est un grand film », partage Yannick Nézet-Séguin. Selon le chef d’orchestre, le long-métrage de Bradley Cooper est authentique quant à Leonard Bernstein mais aussi aux métiers de la musique classique. « Je suis fier que ça puisse représenter ce qu’il y a de beau dans notre milieu », ajoute-t-il.

Pour lui, aucun autre acteur n’aurait pu incarner aussi bien le maestro américain, et la famille de ce dernier est du même avis. « Ce qui me fait le plus plaisir, c’est que les enfants Bernstein que je connais bien — Jamie, Nina et Alexander —, quand ils voient Bradley diriger, disent “C’est notre père”. Je me dis que mon travail est fait », se réjouit le consultant musical.

En plus de rendre hommage à la carrière d’un grand chef d’orchestre et compositeur, Maestro montre aussi les difficultés d’un homme à aimer et désirer librement. « Bernstein était finalement un cas complexe de bisexualité réprimée », évoque Yannick Nézet-Séguin. « En tant que chef d’orchestre qui a la chance d’être ouvertement homosexuel, c’est quelque chose qui me parle très personnellement. Je me dis qu’il y a quand même beaucoup de chemin qui a été parcouru dans les dernières décennies ».

Biopic fidèle, film musical, drame romantique et récit social, Maestro est beaucoup de choses à la fois. À l’image de son sujet aux multiples casquettes, qui refusait de se cantonner à un rôle. « Bernstein était très controversé parce que des gens trouvaient qu’il était too much, qu’il en faisait trop », déplore Yannick Nézet-Séguin, avant de conclure : « On doit toucher les gens quand on fait de la musique, alors il n’est pas possible d’en faire trop si c’est sincère ».

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