« Mad Max », Homère et le festival de Cannes

« Panneau de cassone, le cheval de Troie », de Giovanni di Ser Giovanni Guidi (1406-1486).  - Credit:Bridgeman Images
« Panneau de cassone, le cheval de Troie », de Giovanni di Ser Giovanni Guidi (1406-1486). - Credit:Bridgeman Images

Le tapis rouge est-il bouffé par les mythes ? Si Megalopolis de Coppola est le tribute « Rome antique » de Cannes, Furiosa, la dernière livraison de la saga Mad Max, en est le pendant grec. Dans un désert de fin du monde, où des hordes de bikeurs cannibales tentent de contrôler les quelques ressources qui subsistent, le film rejoue d'abord, avec un camion-citerne rempli de soldats, la ruse d'Ulysse et de son cheval de Troie. Non pas, cette fois, pour s'emparer de la ville du roi Priam, mais d'une précieuse raffinerie produisant l'essence dont ces décivilisés montés sur roues ont besoin pour nourrir leurs machines. George Miller, grand lecteur d'Homère, reproduit aussi, dans Furiosa, l'infamie infligée par Achille, dans l'Iliade, au cadavre d'Hector, traîné derrière son char sous les yeux de ceux qui l'aimaient. Ici, Hector s'appelle Jack et aime les gros camions aux cuves ornées de scènes guerrières. Achille, lui, se déplace sur un char tiré par trois motos, et meurt en demandant à l'héroïne : « Est-ce que tu as ce qu'il faut pour devenir un mythe ? » Homère, star de la Croisette.