Macron répond aux critiques de l’académicien Rouart sur sa Cité francophone de Villers-Cotterêts

Emmanuel Macron inaugure le Château rénové de Villers-Côtterets, cité internationale de la francophonie, le 30 octobre 2023. (Photo CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP)
CHRISTIAN HARTMANN / AFP Emmanuel Macron inaugure le Château rénové de Villers-Côtterets, cité internationale de la francophonie, le 30 octobre 2023. (Photo CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP)

POLITIQUE - C’est l’un des projets principaux d’Emmanuel Macron pour la culture : l’ouverture, ce 1er novembre, de la Cité internationale de la francophonie, dans le Château Renaissance de Villers-Cotterêts (Aisne), rénové et inauguré ce 30 octobre par le président de la République, en présence de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak.

Une semaine avant cet événement, le 22 octobre, dans une tribune au Figaro, l’académicien Jean-Marie Rouart a pris la plume pour fustiger un projet de « muséification » de la langue française. Dans un texte au vitriol, l’auteur étrille le président, en français.

« Il faut chercher loin dans l’histoire de France pour trouver un responsable politique qui aura autant nui à la langue française », se lamente le romancier qui cite pêle-mêle les concepts anglo-saxons forgés par Emmanuel Macron pour vanter sa politique économique ou diplomatique. « Après avoir posé avec un sourire réjoui lors du ’One Planet Summit’ à Paris, tenant une pancarte ’Make our planet great again’, il nous a asséné un ’Choose France’ à Versailles et ’une start-up nation’ », énumère l’ancien chroniqueur.

« Oui, il vaut mieux dire ’Choose France’ pour se faire comprendre des investisseurs étrangers », répond directement et sans ciller le président de la République, dans son discours inaugural devant un parterre de 500 personnalités, dont des académiciens.

« Les bouderies de l’Académie et la crème de la crème »

Machiavélien, le chef de l’État en a profité pour accentuer les divisions de l’institution, entre ceux qui se livreraient à des « bouderies » et ceux qui sont venus assister à l’événement, « la crème de la crème », selon les mots du président. « Les uns disent ’il y a des bouderies à l’Académie’, mais la crème de la crème est là ! », a plaisanté Emmanuel Macron, en face, par exemple, d’Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française.

« J’ai entendu les voix qui se sont élevées, pour dire ’projet de Tartuffe’, la langue ne se met pas dans un musée, ça tombe bien, c’est une Cité ! », a encore rétorqué Emmanuel Macron au cours de son discours, décidément agacé de ne pas faire l’unanimité avec ce projet à 210 millions d’euros, deuxième plus important de son mandat en matière de culture, après le chantier de Notre-Dame de Paris.

« Du gâchis ! »

Invité de France 2 le jour de l’inauguration, Jean-Marie Rouart en rajoute une couche : « C’est de la poudre aux yeux, une opération de communication, un gâchis. Le Président s’exprime en franglais, Monsieur Véran disait ’cluster’ eu lieu de foyer », se lamente encore l’octogénaire. Très affirmatif, il assure que « personne ne viendra dans ce château », alors que la Cité internationale de la francophonie espère 200 000 visiteurs par an.

Dans un entretien accordé à la même chaîne, après l’inauguration, Emmanuel Macron a évoqué « des individus libres » et s’est réjoui une nouvelle fois des « débats » autour de la langue française qui ont toujours existé. « S’il est chagrin, qu’il vienne, qu’il regarde, qu’il voie et qu’il s’aventure », lui a-t-il alors directement répliqué.

« On fait semblant de s’intéresser à la langue française », fustigeait encore l’académicien, sur la même antenne, en amont du discours du président, en précisant vouloir plutôt se battre « contre l’écriture inclusive », grand dada de l’Académie, longtemps opposée à la féminisation des noms de métier, avant de s’y résoudre en 2019, sous la pression populaire.

Sur ce point, il aura été exaucé par Emmanuel Macron qui a pris grand soin de s’opposer au point médian et d’affirmer sans vaciller que « le masculin fait le neutre », sous les applaudissements. Il avait pourtant commencé son discours par plusieurs appuyés « Mesdames et Messieurs », loin d’une éventuelle neutralité masculine. Tartuffe ?

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