Macron inaugure la cité internationale de la francophonie à Villers-Cotterêts, « diamant dans la forêt »

POLITIQUE - C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Lors d’un déplacement de campagne, le candidat d’alors à la présidentielle tombe sur ce château Renaissance en ruines et s’engage à le faire revivre. Ce sera une Cité internationale de la francophonie, en référence à l’ordonnance de Villers-Cotterêts, prise par François 1er en 1539 et qui fait du français la langue officielle de l’administration et du droit.

Emmanuel Macron tacle l’écriture inclusive lors de l’inauguration de la Cité de la francophonie

Arrivé vers 10h30, ce lundi 30 octobre, en compagnie de son épouse Brigitte Macron, le président de la République a salué les élus, comme Xavier Bertrand, président de la région, ou Franck Briffaut, maire RN de la ville. À ses côtés, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak ou encore celui de l’Éducation nationale, Gabriel Attal.

Emmanuel Macron est venu inaugurer ce projet à 210 millions d’euros, le deuxième plus important de son bilan culturel, après le chantier de Notre-Dame de Paris. Il a parcouru l’intérieur et visité les deux expositions, rencontré les écoliers et prononcé un discours, deux jours avant l’ouverture officielle de la cité.

« Une cité et pas un musée où chacun doit se sentir chez lui »

Devant un parterre d’élus, d’ambassadeurs, de personnalités, d’habitants ou d’intellectuels comme le secrétaire perpétuel de l’Académie française Amin Maalouf, le président de la République a vanté un projet « unique » qu’il a voulu « cité et non pas musée », car elle est « enrichie de parcours, de résidences d’artistes, d’un auditorium, d’un laboratoire de technologie linguistique : chacun doit s’y sentir chez lui ».

Emmanuel Macron, qui s’est présenté comme « enfant de la Picardie », a commencé son discours d’une petite heure par un mot personnel : « J’ai longtemps attendu ce moment et j’aurais aimé citer tous les auteurs de ma vie ». Il s’en est tenu à ceux qui sont passés dans la région, comme Alexandre Dumas, né à Villers-Cotterêts, ou La Fontaine, à Château-Thierry, dans le même département, mais aussi à « Baudelaire, Césaire, Beauvoir, les surréalistes et le slam », pour promouvoir une langue qui « rassemble », tout en citant Milan Kundera ou Beckett, ceux qui se reconnaissent dans le français, communauté « de valeurs universelles » et langue « qui voyage ».

« La langue française nous rassemble »

Dans la même veine, il a dédié ce lieu « à tous les élèves qui ont inscrit “cahier de français” sur une page blanche » et à « cinq figures essentielles qui transmettent et font vivre le français : les professeurs, les écrivains et créateurs, les comédiens, les bibliothécaires et les traducteurs », qui auront tous leur place dans la cité.

Le président a promis de mener le chantier de l’ouverture des bibliothèques le soir et le samedi, en lien avec les maires. Il a également confié une mission à l’auteur Kamel Daoud pour que les œuvres françaises soient plus traduites et diffusées à travers le monde.

Emmanuel Macron a rappelé que le lieu, « diamant dans la forêt », était « claquemuré, à l’abandon » quand il l’a trouvé en 2017 et a fièrement annoncé : « Les grands murs vous sont désormais ouverts. » La restauration de « ce trésor de notre patrimoine, dont l’escalier du roi et de la reine et la chapelle Renaissance » devait devenir « comme par une évidence un lieu dédié au français pour lui redonner sa vocation », a justifié le président qui évoque « la seule institution en dehors de Paris » consacrée au français.

« Seule institution dédiée au français en dehors de Paris »

Avec une pointe d’émotion, il s’est adressé aux « enfants de Villers-Cotterêts qui pourront ici se perdre dans la langue » et a conclu, très applaudi : « Faites-le vivre, emparez-vous en, faites le plus beau, plus grand, créez, faites voyagez, accueillez, soyez une langue hospitalière et voyageuse, la nôtre ! »

L’Élysée décryptait, quelques jours avant ce rendez-vous, que le projet d’Emmanuel Macron ambitionne de faire de la culture un « antidote au sentiment d’abandon », dans un territoire marqué par la désindustrialisation et la tentation du vote d’extrême droite, alors que la ville est dirigée par le RN depuis 2014 et que Marine Le Pen est arrivée en tête du second tour de 2022 dans ce territoire.

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