Macron sur Depardieu : France TV défend « Complément d’enquête » et nie toute manipulation d’images

MEDIAS - Il n’y a eu aucune manipulation, la violence et l’obscénité des images dévoilées dans le Complément d’Enquête dédié à Gérard Depardieu sont bien réelles. C’est ce qu’affirme France Télévisions, constat d’huissier à l’appui, après l’intervention d’Emmanuel Macron sur France 5 dans le talk show d’Anne-Elisabeth Lemoine. Dans cette intervention sur C à vous, Emmanuel Macron a été invité à s’exprimer sur les plaintes pour viol qui pèsent sur Gérard Depardieu, qui sont désormais au nombre de trois après le dépôt d’une plainte d’une journaliste espagnole. Et il a mis en doute le travail de l’enquête journalistique diffusée début décembre.

Pour les victimes de violences sexuelles, la remise en cause de leur parole est toujours une violence

Le président de la République a choqué en arguant que l’acteur « faisait honneur à la France » et en mentionnant « Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l’homme. Je déteste ça ». Plus encore, il a remis en cause la véracité des images diffusées dans le numéro de Complément d’enquête. « Je me méfie du contexte, j’ai compris qu’il y avait des polémiques (…) sur les mots qui étaient en décalage avec les images ».

Interrogées par nos confrères du Parisien, les équipes de France Télévisions ont répondu qu’il n’y avait eu aucune manipulation d’images, ni aucun décalage opéré dans le Complément d’Enquête. « Nous maintenons toutes nos informations. Il n’y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c’est bien la fillette à l’image qui est ciblée ». A la mi-journée, France Télévisions a même fait savoir que le passage a été « authentifié » par un huissier. « Habituellement, nous ne montrons nos rushs à personne, pas même à la justice, car cela relève du secret des sources. Mais dans ce contexte d’avalanche de fake news dont l’émission Complément d’enquête est victime, nous avons décidé de les montrer exceptionnellement à un huissier de justice pour attester de la rigueur de notre travail », explique Tristan Waleckx, le présentateur de l’émission à franceinfo.

La SDJ de France TV, c’est-à-dire la Société des journalistes, qui représente ces derniers pour veiller au respect des règles déontologiques et à l’indépendance de leur travail, a publié un communiqué ce vendredi 22 décembre afin de dénoncer ces propos du président de la République qui partagerait ce faisant « une fake news et légitime les lentatives de déstabilisation de l’émission ».

Emmanuel Macron « défend » Gérard Depardieu

Par ces propos, Emmanuel Macron faisait référence à une tribune publiée dans le JDD par les proches du comédien. Dans cette dernière, la famille de Gérard Depardieu dénonçait une « manipulation monstrueuse pratiquée par un journaliste [de Complément d’enquête] qui n’a pas hésité à fouiller dans les poubelles ». L’entourage du comédien affirme en effet que les images tournées en 2018 en Corée du Nord par Yann Moix sont sorties de leur contexte : « Ce journaliste réalise une véritable mise en scène, procédant par plans de coupe dont on sait qu’ils sont nécessairement suspects puisqu’on peut les monter comme on le veut. »

Dans une séquence du Complément d’Enquête, l’acteur parle d’une fillette en train de monter à cheval et dit « Si jamais il galope elle jouit. C’est bien ma fifille, continue ». Cette séquence aurait été « fabriquée » d’après la famille de Gérard Depardieu qui avançait dans le JDD « Rappelons que Gérard appelle tout le monde « fifille » : les femmes, les hommes, les animaux. L’objectif était-il de faire passer Gérard Depardieu pour un pédophile ? ». Le réalisateur Yann Moix affirme lui-même être presque sûr que ces propos ne désignaient pas une fillette, dans une interview avec TV Magazine : « Je suis sûr à 99% que Gérard a tenu ces propos sur une cavalière qui n’était pas la petite fille. » Mais il ne peut le prouver car il n’a plus accès aux rushs qu’il a tournés, selon lui.

Les propos tenus par Emmanuel Macron concernant Gérard Depardieu le mercredi 20 décembre sur France 5 ont été largement fustigés par les associations de défense des droits des femmes qui mettent en avant un discours faisant l’apologie de la culture du viol. Ces propos ont également été critiqués par de nombreuses personnalités politiques comme Sandrine Rousseau et François Hollande.

VIDÉO - La Minute de Gérard Depardieu