Maïwenn Le Besco jugée pour l’agression d’Edwy Plenel : leurs deux témoignages sur cette affaire

L’affaire avait éclaté en plein festival de Cannes 2023, alors que la réalisatrice présentait son film « Jeanne du Barry » en ouverture.

JUSTICE - Rendez-vous devant le tribunal de « polisse » de Paris. L’actrice et réalisatrice Maïwenn Le Besco est jugée ce mardi 16 janvier à partir de 13 h 30 pour avoir agressé le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, dans un restaurant en février 2023.

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L’affaire avait fait grand bruit l’an dernier, à quelques semaines de l’ouverture du festival de Cannes où Maïwenn (qui signe ses films de son seul prénom) devait présenter son nouveau film, déjà entouré de controverse. La cinéaste a reconnu les faits à plusieurs reprises dans les médias, en tentant d’expliquer son geste.

Le HuffPost vous résume les faits, en revenant sur les déclarations d’Edwy Plenel et de Maïwenn Le Besco.

• Le témoignage d’Edwy Plenel

L’information est publiée le 7 avril par l’AFP : le journaliste et cofondateur de Mediapart, Edwy Plenel, a déposé, un mois plus tôt, une plainte pour violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail contre la réalisatrice Maïwenn.

Dans le document consulté par l’AFP, il raconte qu’il dînait avec un avocat dans un restaurant du 12e arrondissement de Paris, le 22 février, lorsqu’« une femme, précédemment assise, seule, à une autre table (...) a surgi ». « Dans un laps de temps très court, (elle) a saisi (Edwy Plenel) par les cheveux avec violence, lui renversant la tête en arrière et esquissant un crachat sur son visage ».

La femme en question est identifiée par le personnel du restaurant comme étant Maïwenn, avec laquelle le journaliste « n’a personnellement jamais eu maille à partir » et qu’il n’a jamais rencontrée. Elle « est sortie précipitamment du restaurant sans que personne n’ait pu intervenir vu la rapidité de l’action », est-il écrit. Aucun mot n’aurait été prononcé pendant l’agression. Si celle-ci a été sans conséquence physique pour le journaliste, elle l’a laissé « très traumatisé par la haine » manifestée, peut-on encore lire dans la plainte.

Interrogé le 16 mai par Variety, Edwy Plenel rappelle que Mediapart a enquêté sur le réalisateur Luc Besson, accusé de viol (il sera définitivement blanchi par la justice en juin 2023), auquel Maïwenn a été mariée pendant 5 ans. Dans ce cadre, le journal en ligne a publié dans un article, début 2021, des extraits d’une audition de la cinéaste par la police, qui enquêtait sur le réalisateur de Léon. « Mais une fois que nous avons publié notre article, nous n’avons jamais reçu de protestation d’aucune sorte, assure le journaliste. Pourquoi n’a-t-elle pas envoyé d’e-mail ? [Nous] n’avons même jamais reçu d’appel téléphonique d’elle. »

Edwy Plenel indique avoir dans un premier temps demandé des excuses à Maïwenn, qu’il qualifie d’« ouvertement anti-#MeToo », mais « elle a refusé ». Il compte se rendre au procès ce mardi, pour « défendre sa rédaction qui a été menacée », « porter la voix de tous les journalistes qui sont derrière lui » et « entendre les explications de Mme Le Besco », indique son avocat, Me Pierre-Emmanuel Blard, joint par Le HuffPost.

• Le témoignage de Maïwenn Le Besco

Maïwenn s’exprime pour la première fois à ce sujet le 11 mai, dans une séquence particulièrement remarquée – et critiquée. Sur le plateau de l’émission Quotidien sur TMC, alors que le présentateur Yann Barthès lui demande si elle confirme « avoir agressé » Edwy Plenel, elle répond simplement : « oui ».

Sous les rires du public, elle-même souriante, la réalisatrice de Polisse refuse d’en dire davantage car ce n’est pas « le bon moment ». Cinq jours plus tard, son film Jeanne du Barry doit en effet être projeté en ouverture du festival de Cannes. Et sa promotion est déjà compliquée par la présence à l’affiche de Johnny Depp, qui signe son retour à l’écran après son procès retentissant pour diffamation contre son ex-femme Amber Heard, sur fond d’accusations de violences conjugales. « Vous ne voulez pas que ça pollue Jeanne du Barry, et je le comprends », conclut Yann Barthès. Fin de la discussion.

Elle donnera plus d’explications après le festival, le 11 juin, dans une interview au Journal du dimanche. Celle qui assure « soutenir le mouvement #MeToo » dément d’abord avoir agressé le patron de Mediapart en réaction aux enquêtes que le journal en ligne a publiées sur le père de sa fille. « Je leur reproche ce qu’ils m’ont fait à moi », explique-t-elle, évoquant l’article de 2021 contenant des extraits de son audition devant la police judiciaire (dont certains avaient déjà été publiés par d’autres médias dont Paris Match, comme l’a souligné Mediapart).

« J’ai ressenti un viol moral », témoigne Maïwenn. « Si rien ne justifie que l’on s’en prenne à un journaliste, rien ne justifie que l’on viole l’intimité d’une femme », estime-t-elle, expliquant avoir raconté à la police « toute (sa) vie avec Luc : la rencontre, le contexte familial, l’intimité, les rapports sexuels… (...) Je suis venue m’exprimer dans un cadre qu’on me garantissait comme totalement confidentiel ».

La réalisatrice de Mon roi précise avoir rencontré, dans le cadre d’un précédent article de Mediapart fin 2018, une journaliste de la publication à laquelle elle avait indiqué ne pas vouloir « prendre la parole » sur l’affaire Besson. La promesse avait alors été tenue et Maïwenn n’avait pas été citée dans l’enquête.

A-t-elle refusé de présenter ses excuses, comme l’avance Edwy Plenel ? « Il a demandé des excuses. J’ai proposé une discussion. Il a refusé », affirme-t-elle dans le JDD.

Contacté par Le HuffPost, l’avocat de Maïwenn Le Besco n’avait pas répondu dans l’immédiat. La cinéaste risque une contravention de 750 euros et le versement de dommages et intérêts.

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