La Mémoire dans la peau sur TF1 Séries Films : le renouveau du film d'action au prix d'un conflit avec les studios

La Mémoire dans la peau de Doug Liman

Avec Matt Damon, Franka Potente, Chris Cooper...

De quoi ça parle ? Sur la côte adriatique, un petit bateau de pêche repère le corps inanimé d'un homme ballotté par les flots. Des marins s'empressent de le repêcher. Portant des traces de balles dans le dos, cet homme à l'identité inconnue a miraculeusement survécu, mais il ne se souvient plus de rien. Même pas de son nom. Et encore moins des raisons pour lesquelles on a tenté de le tuer. Toutefois, un indice subsiste : de sa hanche est extraite une petite capsule holographique indiquant un numéro de compte à Zurich...


Matt Damon dans la peau de Jason Bourne

Si La Mémoire dans la peau est devenu un film d'action culte dès sa sortie en 2002, son processus de conception, et plus particulièrement son tournage, a été extrêmement laborieux. La raison ? Les nombreux désaccords et les tensions permanentes entre le réalisateur Doug Liman (soutenu par Matt Damon) et Universal. Alors que les deux premiers avaient pour ambition de privilégier l'épaisseur des personnages et le réalisme des situations, le second voulait faire un film plus classique, en mettant davantage l'accent sur l'action.

Dès le début du tournage, le studio n'était pas satisfait des scènes tournées par Liman et exigeait souvent de les modifier voire les refaire. D'ailleurs, ces nombreuses séquences retravaillées ont beaucoup contribué quant au décalage de la sortie du film de septembre 2001 à juin 2002 (en plus de l'effet 11 septembre) et ont aussi augmenté le budget initial de huit millions de dollars. Universal voulait ainsi supprimer les scènes se déroulant dans la ferme juste avant l'affrontement entre Bourne et Clive Owen, ce qui aurait atténué la compréhension du héros par le public d'après le cinéaste et son acteur principal.

Il était également question que le final de La Mémoire dans la peau soit, selon la volonté du studio, très spectaculaire, avec notamment une course-poursuite entre l'espion amnésique et des tueurs de l'organisation Treadstone à moto munis de lance-roquettes... Là encore, Liman et Damon ont dû batailler ferme pour éviter cela et conserver une fin plus sobre.

 

Universal comptait par ailleurs tourner les scènes se déroulant à Paris à Montréal, ce que Doug Liman refusa catégoriquement, la ville canadienne ne ressemblant en rien à la capitale française... Durant le tournage, le studio avait même pour habitude d'envoyer constamment des messages au réalisateur après le visionnage de ses rushes. Parmi eux, il y en avait un lui demandant d'envisager un montage rapide "à la Tony Scott", avec beaucoup d'effets visuels, des mouvements de caméra très rapides et une musique omniprésente. Liman leur a répondu que s'ils souhaitaient cela, il n'avaient qu'à engager le cinéaste de Top Gun...

Au final, cette insistance de Liman et Damon à ne pas se plier aux exigences d'Universal a payé : La Mémoire dans la peau a révolutionné le genre du film d'action/espionnage en y insufflant une bonne dose de réalisme et des personnages complexes. Le film a aussi été une véritable poule aux oeufs d'or qui a par la suite occasionné trois suites encore plus lucratives. Rappelons également que Bourne a permis à Damon de donner un second souffle à sa carrière qui était en bien mauvaise posture après les échecs successifs de La Légende de Bagger Vance et De si jolis chevaux.