Mélenchon critiqué après sa sortie sur Yonathan Arfi, le président du CRIF (même au sein de la gauche)

Le chef de file des insoumis a rapproché le président du CRIF Yonathan Arfi de « l’extrême droite » après son discours sévère contre la France insoumise.

POLITIQUE - Au centre des critiques. Depuis qu’il a dénoncé une « extrême droite » sans limite, dimanche 16 juillet, à propos du président du conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Yonathan Arfi qui venait de l’accuser de se « compromettre loin du pacte républicain », Jean-Luc Mélenchon s’attire les foudres de la classe politique.

Au-delà des réactions indignées des pontes du camp présidentiel, parlementaires ou ministres, qui ont rapidement fleuri sur les réseaux sociaux, la gauche, hors-LFI, semble gênée aux entournures. À tel point que certains élus, plus ou moins distants de la Nupes (l’alliance des partis de gauche à l’Assemblée) n’hésitent pas à se joindre au concert de critiques.

À gauche, les réactions les plus vives viennent sans doute du Parti socialiste. La vice-présidente (PS) de l’Assemblée Valérie Rabault a ainsi parlé « d’indécence », dès dimanche, sur les réseaux sociaux.

« Yonathan Arfi a le droit d’exprimer, librement, ses opinions et de critiquer des responsables politiques sur leurs positions », a-t-elle rappelé dans un message publié sur Twitter, en jugeant « contraire à l’essence de la démocratie (...) que ses critiques conduisent Jean-Luc Mélenchon à le taxer d’extrême droite. »

Mêmes mots, ou presque, pour son collègue Patrick Kanner, le chef des roses au Palais du Luxembourg. « Ce qui est abject, Jean-Luc Mélenchon, c’est de qualifier le représentant des institutions juives de France d’extrême droite. Le jour des commémorations de la rafle du Vel d’Hiv », a-t-il tancé sur les réseaux sociaux, en répondant directement à la diatribe de l’ancien candidat à la présidentielle. Et d’ajouter : « Refusons l’indignité. »

Olivier Faure tente l’apaisement

Ces parlementaires rejoignent ainsi la charge lancée notamment par les socialistes anti-LFI et anti-Nupes, toujours prompts à fustiger ce qu’ils dénoncent comme les « outrances » du leader des insoumis. « Oser qualifier (Yonathan Arfi) d’extrême droite, 81 ans après la rafle du Vel d’hiv, est une faute et une insulte », a par exemple tonné le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol dimanche, lui aussi sur Twitter.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir le leader du Parti socialiste, Olivier Faure, tenter de jouer la carte de l’apaisement. Le député dit regretter « toute polémique qui fracture le camp historique de la République » dans un message publié ce lundi 17 juillet, à l’heure où « les Français s’inquiètent de leur avenir, que l’extrême droite s’approche dangereusement du pouvoir. » « Jean-Luc Mélenchon est un républicain. Yonathan Arfi n’est pas d’extrême droite », ajoute-t-il, semblant mettre à distance les excès de l’un comme de l’autre.

De quoi calmer les critiques ? Pas sûr. Depuis dimanche, les insoumis proches de Jean-Luc Mélenchon se relaient dans les médias et sur les réseaux sociaux pour soutenir l’ancien candidat à la présidentielle, et fustiger le discours du président du CRIF à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv.

Ce lundi, Manuel Bompard a encore critiqué les mots « indignes et regrettables » de Yonathan Arfi, lequel a estimé que le leader de la France insoumise « est prêt à sacrifier la République sur l’autel du communautarisme. » « J’ai été choqué. Utiliser une cérémonie comme celle-ci, à laquelle j’ai participé à Marseille, pour critiquer une organisation politique, je trouve que c’est indigne », a ainsi fustigé le coordinateur de LFI.

Au même moment, Yonathan Arfi persistait sur RCJ. « Qu’ils le veuillent ou non, Jean-Luc Mélenchon et les porte-voix de la France Insoumise font le jeu du RN. Face à leurs attitudes outrancières, des Français se tournent vers l’extrême droite », a insisté le président du CRIF. Et de préciser : « en revanche, je ne fais pas une mise en équivalence, loin de là. »

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