Mélenchon critiqué après sa sortie sur Yonathan Arfi, le président du CRIF (même au sein de la gauche)
Le chef de file des insoumis a rapproché le président du CRIF Yonathan Arfi de « l’extrême droite » après son discours sévère contre la France insoumise.
POLITIQUE - Au centre des critiques. Depuis qu’il a dénoncé une « extrême droite » sans limite, dimanche 16 juillet, à propos du président du conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Yonathan Arfi qui venait de l’accuser de se « compromettre loin du pacte républicain », Jean-Luc Mélenchon s’attire les foudres de la classe politique.
Au-delà des réactions indignées des pontes du camp présidentiel, parlementaires ou ministres, qui ont rapidement fleuri sur les réseaux sociaux, la gauche, hors-LFI, semble gênée aux entournures. À tel point que certains élus, plus ou moins distants de la Nupes (l’alliance des partis de gauche à l’Assemblée) n’hésitent pas à se joindre au concert de critiques.
À gauche, les réactions les plus vives viennent sans doute du Parti socialiste. La vice-présidente (PS) de l’Assemblée Valérie Rabault a ainsi parlé « d’indécence », dès dimanche, sur les réseaux sociaux.
Le président du @Le_CRIF @Yonathan_Arfi a le droit d'exprimer, librement, ses opinions et de critiquer des responsables politiques sur leurs positions.
Que ses critiques conduisent JL Mélenchon à le taxer d'extrême droite, est indécent et contraire à l'essence de la démocratie— Valérie Rabault 🇨🇵🇪🇺🇺🇦 (@Valerie_Rabault) July 17, 2023
« Yonathan Arfi a le droit d’exprimer, librement, ses opinions et de critiquer des responsables politiques sur leurs positions », a-t-elle rappelé dans un message publié sur Twitter, en jugeant « contraire à l’essence de la démocratie (...) que ses critiques conduisent Jean-Luc Mélenchon à le taxer d’extrême droite. »
Mêmes mots, ou presque, pour son collègue Patrick Kanner, le chef des roses au Palais du Luxembourg. « Ce qui est abject, Jean-Luc Mélenchon, c’est de qualifier le représentant des institutions juives de France d’extrême droite. Le jour des commémorations de la rafle du Vel d’Hiv », a-t-il tancé sur les réseaux sociaux, en répondant directement à la diatribe de l’ancien candidat à la présidentielle. Et d’ajouter : « Refusons l’indignité. »
Olivier Faure tente l’apaisement
Ces parlementaires rejoignent ainsi la charge lancée notamment par les socialistes anti-LFI et anti-Nupes, toujours prompts à fustiger ce qu’ils dénoncent comme les « outrances » du leader des insoumis. « Oser qualifier (Yonathan Arfi) d’extrême droite, 81 ans après la rafle du Vel d’hiv, est une faute et une insulte », a par exemple tonné le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol dimanche, lui aussi sur Twitter.
L'engagement du Pdt du #CRIF @Yonathan_Arfi contre le RN n'est plus à démontrer. Oser le qualifier d’extrême-droite, 81 ans après la rafle du Vel d’hiv, est une faute et une insulte. Heureusement nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir que la gauche sorte de ces outrances. https://t.co/wU4NEDpxNu
— Nicolas Mayer-Rossignol (@NicolasMayerNMR) July 16, 2023
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir le leader du Parti socialiste, Olivier Faure, tenter de jouer la carte de l’apaisement. Le député dit regretter « toute polémique qui fracture le camp historique de la République » dans un message publié ce lundi 17 juillet, à l’heure où « les Français s’inquiètent de leur avenir, que l’extrême droite s’approche dangereusement du pouvoir. » « Jean-Luc Mélenchon est un républicain. Yonathan Arfi n’est pas d’extrême droite », ajoute-t-il, semblant mettre à distance les excès de l’un comme de l’autre.
De quoi calmer les critiques ? Pas sûr. Depuis dimanche, les insoumis proches de Jean-Luc Mélenchon se relaient dans les médias et sur les réseaux sociaux pour soutenir l’ancien candidat à la présidentielle, et fustiger le discours du président du CRIF à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv.
Ce lundi, Manuel Bompard a encore critiqué les mots « indignes et regrettables » de Yonathan Arfi, lequel a estimé que le leader de la France insoumise « est prêt à sacrifier la République sur l’autel du communautarisme. » « J’ai été choqué. Utiliser une cérémonie comme celle-ci, à laquelle j’ai participé à Marseille, pour critiquer une organisation politique, je trouve que c’est indigne », a ainsi fustigé le coordinateur de LFI.
Au même moment, Yonathan Arfi persistait sur RCJ. « Qu’ils le veuillent ou non, Jean-Luc Mélenchon et les porte-voix de la France Insoumise font le jeu du RN. Face à leurs attitudes outrancières, des Français se tournent vers l’extrême droite », a insisté le président du CRIF. Et de préciser : « en revanche, je ne fais pas une mise en équivalence, loin de là. »
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