Ces méduses qui n’ont pas besoin de cerveau pour apprendre
Il est possible d’apprendre, même si l’on n’est pas doté de cerveau. En tout cas si l’on est une anémone de mer ou une méduse. Tripedalia cystophora, une petite méduse cubique, a démontré des capacités d’apprentissage par association lors d’expériences en laboratoire, décrites dans Current Biology le 22 septembre.
Les chercheurs y racontent comment cette créature de la taille d’une phalange humaine a pu être entraînée à éviter des obstacles en utilisant des indices mécaniques et visuels.
Par apprentissage par association, on entend le fait, pour un animal, d’associer un stimulus à un autre. Une méthode rendue célèbre par Ivan Pavlov qui l’avait expérimentée avec des chiens à la fin du XIXe siècle.
“Les résultats de cette étude sur les cuboméduses sont d’une grande importance parce qu’ils montrent qu’un système nerveux central ou un cerveau n’est pas nécessaire pour apprendre par association”, se réjouit dans Nature Pamela Lyon, biologiste cognitive à l’université d’Adélaïde, en Australie, qui n’y a pas participé. De précédents travaux sur des anémones, un autre type de cnidaire, avaient conduit à la même conclusion, mais ils avaient été réalisés dans des conditions éloignées du milieu naturel de ces animaux aquatiques.
De la méduse à la puce
Pour cette nouvelle étude, l’équipe a tenu à reproduire un environnement similaire à l’endroit où évolue Tripedalia cystophora. Dans les bassins d’eau trouble du laboratoire, les méduses ne pouvaient pas détecter facilement les bandes sombres – imitant les racines de mangroves – collées aux parois. Mais après quelques minutes, et surtout quelques “rebonds”, les méduses ont appris à ajuster leur comportement, et donc leur trajectoire.
Pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre, les chercheurs ont analysé individuellement des rhopalies, les capteurs propres aux méduses contenant des yeux rudimentaires et des centres nerveux, qui contrôlent les pulsations de nage de ces animaux. Puis ils les ont entraînées à l’aide de signaux électriques et se sont aperçus qu’elles “apprenaient”. Les rhopalies sont les centres visuel, sensoriel et d’apprentissage des méduses. Reste néanmoins à comprendre comment T. cystophora traite et coordonne l’apprentissage de chacune de ses quatre rhopalies.
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