Le Mâhabhârata, le grand poème de la sagesse indienne

Au 1er millénaire avant notre ère, les pratiques très ritualisées des brahmanes sont remises en cause par l’irruption du bouddhisme. Le Mâhabhârata témoigne de cette confrontation féconde entre deux conceptions de la vie.

La Terre souffre, la Terre gémit : après un âge d’or où tous les êtres vivaient heureux et en paix dans le respect du dharma, l’ordre universel, les méchants pullulent, et elle n’arrive plus à les supporter. Terrorisée, elle vient chercher secours auprès du dieu créateur Brahma, qui propose à ses collègues divins de s’incarner afin de faire périr les démons, leurs ennemis. Voilà donc dieux et démons embarqués dans une guerre cosmique dans laquelle ils entraîneront les hommes… Presque tous succomberont. Légère, libérée, la Terre respire. Une nouvelle ère de paix peut commencer.

Le Mâhabhârata est le récit de cette crise qui va régénérer le temps. Composée dans le nord de l’Inde il y a deux millénaires, cette épopée flamboyante constitue aujourd’hui encore avec le Râmâyana, l’autre texte fondateur de la civilisation hindoue, "une base essentielle de la culture des Indiens qui, tous, en connaissent les principaux personnages et épisodes, moins d’ailleurs par des versions écrites que par les histoires racontées aux enfants, les bandes dessinées, les pièces de théâtre, les films ou des feuilletons au succès considérable", explique Nicolas Dejenne, maître de conférences en Histoire et traditions textuelles du monde indien à l’Université Sorbonne-Nouvelle - Paris 3.

L’intrigue principale voit s’affronter pour la souveraineté sur le royaume mythique de Bharat deux clans de cousins : les cent Kaurava, fils de Dhritarashtra, roi aveugle, qui a dû céder la place à son frère cadet Pandu, et les cinq Pandava, à demi divins, fils de Pandu. La naissance de ces guerriers a de quoi émerveiller. Les Kaurava sont issus d’une boule de chair qu’expulse leur mère Gandhari en se frappant le ventre. Cette masse dure comme du fer, arrosée d’eau froide, se divise en cent embryons qui se développent dans cent jarres de beurre clarifié. Tous, menés par l’aîné, Duryodhana, sont des incarnations de puissants démons.

Quant aux Pandava, leur père Pandu a tué par erreur un ascète qui avait pris la [...]

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