Pour lutter contre le syndrome de l’intestin irritable, cette étude invite à se pencher sur son alimentation

« Les résultats ont montré que l’alimentation jouait un rôle capital dans le vécu des symptômes du syndrome de l’intestin irritable »
supersizer / Getty Images « Les résultats ont montré que l’alimentation jouait un rôle capital dans le vécu des symptômes du syndrome de l’intestin irritable »

SANTÉ - Maux de ventre, ballonnements, troubles du transit… Autant de symptômes que les personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable (aussi appelé syndrome du côlon irritable) connaissent bien, et qui peuvent vite compliquer le quotidien. D’autant plus que les causes de cette pathologie sont encore méconnues, et qu’il n’existe pas de remède permettant de guérir du syndrome du côlon irritable.

Je souffre du syndrome de l’intestin irritable. Je vis près des toilettes et loin des gens - BLOG

Pour améliorer la qualité de vie des patients, l’assurance maladie recommande ainsi de pratiquer une activité physique, de prendre ses repas lentement, de faire trois repas par jour et de bien mastiquer les aliments pour faciliter la digestion. Mais une étude publiée ce jour dans le journal scientifique The Lancet Gastroenteroly and Hepatology et relayée par le New York Times offre de nouvelles pistes de traitement.

Des régimes alimentaires plus efficaces que les médicaments ?

L’étude, conduite en Suède auprès de 241 femmes et 53 hommes atteints du syndrome de l’intestin irritable, a assigné un traitement différent à trois groupes de participants pour une durée d’un mois. Le premier groupe a profité de médicaments censés répondre à leurs symptômes principaux (un laxatif pour ceux se plaignant de constipation, ou à l’inverse un médicament contre la diarrhée), tandis que le deuxième et le troisième groupe se sont vus proposer des changements de régimes alimentaires avec des listes de courses et des recettes spécifiques.

Le deuxième groupe a suivi un régime avec très peu de « FODMAPs ». D’après Ameli.fr, cet acronyme désigne « tous les édulcorants de synthèses » et « certains sucres dits fermentiscibles ». On les retrouve notamment dans les aliments riches en lactose, certaines céréales et certains légumes, les plats industriels ou encore les chewing-gums et sucreries. Difficiles à absorber pour le système digestif, ils peuvent générer des douleurs abdominales ou de l’inconfort au moment de la digestion. À la place, dans la liste de courses de ce groupe : des recettes comprenant du riz, des pommes de terre, du quinoa, des produits laitiers sans glucose ou encore du poulet, du poisson et autres fruits et légumes.

Le troisième s’est alimenté avec peu de glucides et beaucoup de matière grasse : de la viande, du fromage, du yaourt, des fruits et légumes, ou encore des oléagineux.

Ces changements ont été observés pendant quatre semaines, et les résultats ont montré que l’alimentation jouait un rôle capital dans le vécu des symptômes du syndrome de l’intestin irritable. 76 % du groupe sans FODMAPs et 71 % du groupe sans glucides ont déclaré avoir vu des améliorations significatives de leur quotidien, contre 58 % de ceux qui étaient traités par des médicaments. Une surprise en demi-teinte, pour les chercheurs : le régime bas en FODMAPs est considéré comme le plus efficace par les professionnels de santé, mais le fait qu’un régime bas en glucide fonctionne également a été une surprise.

Une étude prometteuse, mais à relativiser

L’étude révèle également que l’amélioration des symptômes des patients a perduré sur le long terme : six mois plus tard, les participants aux deux groupes centrés sur l’alimentation avaient toujours une meilleure santé intestinale qu’au début de l’étude, quand bien même la plupart d’entre eux avaient recommencé à manger de tout.

Des données qui permettent d’établir que dans le cadre de cette étude, les traitements par le régime alimentaire ont des effets au moins aussi efficaces que le traitement médicamenteux. Mais d’après le Dr William Chey, gastro-entérologue interrogé par le New York Times, cet essai clinique a aussi des limites. « Parce qu’il a été conduit sur un groupe relativement restreint dans un seul centre médical en Suède, il faudra le répliquer avec des cohortes plus larges et plus diverses ». Il est également possible que l’essai ait sous-estimé l’efficacité des médicaments. « Certains médicaments ont peut-être besoin de plus de quatre semaines pour offrir un bénéfice complet, et certains médicaments autorisés aux États-Unis n’ont pas été inclus dans l’étude », a précisé le Dr Lin Chang, également interrogé par le New York Times, en précisant que la combinaison entre médicaments et régime alimentaire n’a pas été testée non plus.

Par ailleurs, ces régimes alimentaires ne sont pas sans risques et ne doivent pas être adoptés sans avoir consulté un médecin. C’est ce que précise le Dr Nybacka, en charge de l’étude. « Dans le groupe du régime bas en glucide, il y a eu une petite augmentation du niveau de cholestérol de certains participants, ce qui suggère de faire attention pour ceux qui sont à risque de maladies cardiaques », a-t-elle expliqué à nos confrères américains. Comme tous les régimes restrictifs, ils doivent également être sujets à précautions pour les personnes à risques de troubles du comportement alimentaire.

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