L'Ukraine propose que les Occidentaux abattent les missiles russes

L'Ukraine a proposé mardi 21 mai que ses alliés abattent à partir de leur territoire les missiles russes la visant, si "tous les moyens nécessaires" pour le faire n'étaient pas fournis aux forces ukrainiennes, qui manquent de systèmes de défense antiaérienne.

La proposition est venue du chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, au cours d'une conférence de presse à Kiev avec son homologue allemande Annalena Baerbock, laquelle a estimé que les hésitations sur l'aide militaire à l'Ukraine "menacent" la sécurité des Occidentaux.

Un manque de systèmes de défense antiaérienne

"Il n'y a aucun argument légal, sécuritaire ou moral qui empêcherait nos partenaires d'abattre les missiles russes au-dessus du territoire de l'Ukraine à partir de leur territoire", a dit Dmytro Kouleba.

L'Ukraine avait déjà appelé au début de l'invasion les Occidentaux à l'aider à détruire les missiles russes au-dessus de son territoire mais ses alliés avaient alors estimé que le risque d'escalade du conflit était trop grand.

Dmytro Kouleba a balayé d'un revers de la main l'argument mardi, relevant qu'abattre des missiles ne met pas en danger la Russie ou les soldats russes. Ce sont "des morceaux de métal qui transportent la mort de la Russie vers l'Ukraine", a-t-il martelé.

"Si vous ne voulez pas le faire, fournissez-nous tous les moyens nécessaires. Nous les déploierons sur le territoire de l'Ukraine et nous intercepterons ces missiles nous-mêmes", a-t-il conclu.

En visite surprise à Kiev, Annalena Baerbock a quant à elle insisté sur la nécessité de livrer plus de moyens antiaériens à ce pays et cela au plus vite. "Chaque hésitation et chaque retard dans le soutien à l'Ukraine coûtent la vie d'innocents. Et chaque hésitation à soutenir l'Ukraine met également en péril notre propre sécurité", a jugé la ministre allemande.

Selon elle, le président russe Vladimir Poutine "ne connaît aucune limite" et a déclenché une campagne de "destruction" de l'Ukraine, citant l'exemple de son réseau électrique bombardé sans relâche par la Russie.

Une "priorité absolue"

"La meilleure protection contre la terreur des missiles russes est de renforcer les défenses antiaériennes de l'Ukraine. Il s'agit donc d'une priorité absolue pour nous ces jours-ci", a encore dit Annalena Baerbock.

Son déplacement intervient au moment où d'intenses combats se déroulent dans la région frontalière de Kharkiv, où les troupes de Moscou sont à l'offensive depuis le 10 mai, et après une nouvelle attaque nocturne russe de drones sur Kharkiv et d'autres régions ukrainiennes.

La ministre allemande, dont c'est la huitième visite en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022, s'était inquiétée à son arrivée d'une situation qui s'est "dramatiquement aggravée" pour l'armée ukrainienne.

Selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, l'assaut russe dans la région de Kharkiv pourrait être la "première vague" d'une opération beaucoup plus large. Le chef de l'administration d'occupation dans la région ukrainienne de Kharkiv a affirmé mardi que l'armée russe contrôlait désormais "environ 40%" de la localité de Vovtchansk, l'une des deux zones frontalières du nord-est où elle est passée à l'attaque.

Les soldats russes "continuent d'avancer vers la Vovtcha, la rivière qui divise la ville en deux parties (...). La partie nord de la ville a déjà été complètement libérée", a déclaré Vitali Gantchev à la chaîne de télévision russe Pervy Kanal. Selon un porte-parole des forces ukrainiennes dans la région, la situation sur le terrain "reste difficile et change vite".

Exercices impliquant des armes nucléaires

En réponse à Annalena Baerbock, le Kremlin a dit qu'une augmentation des livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine ne modifierait pas l'avantage dont dispose actuellement la Russie sur le front.

"Cela ne permettra pas aux forces armées ukrainiennes de modifier d'une manière ou d'une autre la dynamique sur les fronts", a lancé devant les journalistes son porte-parole Dmitri Peskov.

Par ailleurs, la Russie a annoncé mardi le début, près du territoire ukrainien, d'exercices impliquant des armes nucléaires, affirmant qu'il s'agissait d'une réponse aux "menaces" occidentales.

L'armée de l'air ukrainienne a pour sa part annoncé mardi avoir abattu 28 des 29 drones explosifs Shahed envoyés dans la nuit par la Russie, notamment sur la ville de Kharkiv, la deuxième d'Ukraine, et des régions du sud et du centre.

À Kharkiv, une trentaine de camions, de bus et de voitures ont été endommagés et deux maisons, un garage et un minibus incendiés par la chute de débris de drones, a précisé le gouverneur régional, Oleg Synegoubov.

Deux personnes ont par ailleurs été blessées tôt dans la ville, "à la suite d'une attaque de roquettes contre une entreprise de transport", a-t-il ajouté. Dans l'ensemble de cette région, ce sont plus de 14.000 personnes qui ont été déplacées par les combats, a déploré mardi l'Organisation mondiale de la santé.

Article original publié sur BFMTV.com