"Ce sont des monstres": BFMTV dans la région de Kharkiv, où les bombardements russes se multiplient

Une nouvelle fois, l'armée russe est accusée d'avoir attendu l'arrivée des secours pour procéder à un nouveau bombardement et faire le plus de victimes possibles. Dimanche, les morts dans deux frappes sur un centre de loisirs étaient des civils.

"Je te maudis, toi Poutine, et tous tes putains de Russes." Dimanche 19 mai a été une journée particulièrement tragique dans la région de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine autour de laquelle les bombardements se multiplient à la suite d'une nouvelle offensive russe débutée plus tôt dans le mois.

Les tirs d'artillerie ont fait au moins onze morts dimanche dans la zone. Parmi eux, six personnes, dont une femme enceinte, ont péri dans le double bombardement d'un centre de loisirs en périphérie de la ville.

Les tirs, réalisés depuis le territoire russe et la province de Belgorod, ont également fait 27 blessés, tandis qu'une personne est toujours portée disparue.

Selon plusieurs témoins que BFMTV a pu interroger sur place, la stratégie russe a été la suivante: frapper une première fois les lieux puis attendre l'arrivée des secours afin de nouveau bombarder le même endroit, une vingtaine de minutes plus tard.

"Il y a parmi les blessés un policier et un ambulancier qui sont allés porter secours aux gens après la première attaque", confirme le parquet de Kharkiv, accusant les Russes d'avoir "une fois de plus" recouru à la tactique meurtrière des frappes successives.

La Russie s'est vue reprocher à maintes reprises de procéder à ce type de doubles frappes. "Il n’y a que des civils ici, c’est un centre de vacances et c’est dimanche. Les gens se reposaient, il y avait des enfants et une femme qui portait un bébé", explique à BFMTV un autre sauveteur.

Peu après le second bombardement, les sauveteurs et soldats sur place ont dû faire face à une scène de chaos et de désolation, de nombreux blessés gisant au sol, aux côtés de cadavres entassés sous les décombres. "J’ai plein d’éclats dans la jambe et sûrement une commotion cérébrale", nous raconte un agent de police de Kharkiv, sévèrement touché.

"Je me sens désolé pour ces gens c’est terrible. Vous les emmenez dans l’ambulance, ils sont encore en vie, l’ambulance part et vous ne savez pas ce qui va leur arriver", s'inquiète un sauveteur.

Pendant de longues minutes, un ballet d'ambulances s'est succédé sur les lieux des bombardements. Les victimes, plus ou moins blessées, ont été envoyées vers les hôpitaux locaux.

"Je cherche le grand-père, il était parti marcher", s'inquiète Valentyna, une vieille dame à la recherche de son mari porté disparu à la suite du double bombardement. Finalement, le corps sans vie de celui-ci a été retrouvé quelques minutes plus tard, flottant sur le lac du centre de loisirs.

Vient alors le moment d'annoncer la tragique nouvelle au reste de la famille. "Grand-père est mort", dit-elle, en larmes au téléphone." "Je n’ai jamais maudit personne, mais aujourd’hui je te maudis, toi Poutine, et tous tes putains de Russes", dit Natalia, une proche.

Par ces actions, les militaires russes cherchent à terroriser la population, a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, réclamant "deux Patriot pour Kharkiv", du nom des systèmes américains de défense anti-aérienne qui "modifieront fondamentalement la situation".

Les troupes russes avaient échoué en 2022 dans leur tentative de prendre la région de Kharkiv. Mais elles viennent d'y ouvrir un nouveau front à coups d'artillerie et d'aviation, forçant des milliers de personnes à fuir.

L'ennemi a réussi à progresser de cinq à dix kilomètres le long de la frontière nord-est avant d'être arrêté par les Ukrainiens, a assuré vendredi le président ukrainien dans un entretien avec l'AFP.

Néanmoins, l'Ukraine se prépare à de nouvelles séries d'attaques, le président Zelensky ayant confié à l'AFP que ce qui se passait actuellement dans les environs de Kharkiv pouvait n'être que la "première vague" d'une offensive plus large.

Article original publié sur BFMTV.com