Luis Rubiales, le patron du football espagnol, devrait présenter sa démission vendredi
Luis Rubiales démissionnera ce vendredi de son poste de président de la Fédération royale espagnole de football (RFEF), poste qu'il occupe depuis mai 2018.
Luis Rubiales est au cœur d'une tempête provoquée par le baiser forcé sur la bouche d'une joueuse, l'épisode de trop d'une carrière émaillée de polémiques et de comportements douteux.
L'image le montrant prenant à deux mains la tête de l'attaquante de la "Roja" Jennifer Hermoso, dimanche après la victoire de l'Espagne en finale du Mondial féminin à Sydney, avant de l'embrasser sur la bouche par surprise n'en finit pas de tourner en boucle sur les télévisions et les sites du monde entier et de susciter des réactions indignées.
La Fifa a même ouvert une procédure disciplinaire à son encontre jeudi. De quoi poser la question de son maintien à la tête de l'institution alors que se profile une assemblée générale extraordinaire de la Fédération espagnole vendredi.
D'autres images de la finale ont aussi aggravé son cas, notamment celles où on le voit, depuis le balcon d'honneur du stade, empoigner ses parties génitales pour célébrer la victoire... à quelques mètres de la reine Letizia et de l'infante Sofía.
Depuis dimanche, les témoignages n'en finissent pas d'affluer et les langues se délient à propos des agissements du dirigeant, né il y a 46 ans à Las Palmas, dans l'archipel des Canaries.
Il a ainsi été accusé d'avoir organisé des orgies avec l'argent de la fédération en septembre dernier. Tamara Ramos, l'une de ses anciennes collaboratrices du temps où il officiait comme président de l'Association des footballeurs espagnols (AFE), a également décrit mercredi sur la chaîne de télévision Telecinco "les humiliations et les insultes", dont certaines à caractère sexiste, subies de la part de Rubiales.
La patronne de la Ligue professionnelle de football féminin Beatriz Álvarez Mesa a de son côté évoqué "l'agressivité, l'arrogance et le mépris" du responsable fédéral avant de réclamer sa mise à pied.
De quoi ternir, voire peut-être compromettre, une carrière dans le sport d'abord comme joueur, notamment à Levante et en Ecosse, avant une reconversion dans les instances.
Extraverti et connu pour son franc-parler
Patron du syndicat des joueurs (AFE) de 2010 à 2017, Rubiales aura été à l'origine de deux grèves, en 2011 et 2015, qui permirent deux avancées : la création d'un fonds de garantie salariale pour couvrir les impayés et l'accord de La Liga (la ligue des clubs professionnels, qui organise le championnat espagnols) de verser à l'AFE un pourcentage des droits de télévision.
C'est de cette époque que datent ses premiers affrontements avec le président de La Liga, Javier Tebas, qui ont continué après l'accession de Rubiales à la tête de la fédération, en 2018.
"Je pense qu'il n'est pas qualifié pour être président de la RFEF", avait dit de lui M. Tebas. Ce qui ne l'empêcha pas d'être élu.
Ce diplômé en Droit, divorcé et père de trois filles, extraverti et connu pour son franc-parler et ses coups de gueule, a vite imposé son style à la tête de la RFEF, sa gestion étant marquée par des progrès dans l'organisation du foot espagnol, mais aussi ses clashs constants avec La Liga et divers scandales.
Sa décision, peu après sa prise de fonctions, de limoger le sélectionneur de la "Roja" Julen Lopetegui à deux jours seulement du début du Mondial de 2018 avait donné un aperçu de la fermeté avec laquelle il comptait diriger la fédération, à la présidence de laquelle il a été réélu en 2020.
L'une de ses principales réformes a été le très lucratif changement de format de la Supercoupe d'Espagne, désormais transformée en tournoi quadrangulaire se déroulant en Arabie Saoudite, mais qui a été éclaboussée par une polémique autour de paiements présumés à Kosmos, une entreprise de l'ancien joueur du FC Barcelone Gerard Piqué.
Rubiales a aussi triplé le budget du football féminin pour le porter à 406 millions d'euros en 2022. Mais il a dû faire face à la rébellion des 15 joueuses contre le sélectionneur de la "Roja", Jorge Vilda, qu'il a choisi de soutenir. Un pari gagnant avec la victoire de l'Espagne en finale du Mondial féminin à Sydney, mais qui a été assombri par l'épisode du baiser forcé.