Les loyers au Portugal trop chers pour les Portugais

Les mesures visant à attirer les investissements étrangers et les “visas dorés” pour les nomades numériques ont conduit à la flambée des prix de l’immobilier, devenu hors de portée des locaux. “The Guardian” fait le point sur la situation.

Margarida Custódio vit à Lisbonne avec sa fille et a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts car elle doit dépenser 90 % de son salaire en loyer. “Tout ce qui vous reste est utilisé pour le gaz, l’eau, l’électricité et la nourriture. C’est comme vivre au bord d’un précipice,” a-t-elle confié au Guardian.

La crise du logement est telle que les Portugais, dont la moitié gagne moins de 1 000 € par mois, n’arrivent plus à se loger et sont sortis en masse dans la rue pour protester, le 1er avril dernier. Cette situation est due à la politique mise en place pour attirer des investissements étrangers. “La libéralisation du marché de la location, la délivrance de ‘visas dorés’ qui confèrent des permis de séjour en échange de l’achat de propriétés d’une valeur de 500 000 € ou plus, l’introduction d’un ‘régime de résidence non habituelle’ pour les étrangers et, plus récemment, la création d’un visa de nomade numérique pour permettre aux étrangers aisés de travailler à distance et de payer un taux d’imposition de seulement 20 % ont tous joué un rôle”, détaille le quotidien britannique.

Une crise qui touche l’ensemble de la population

Agustín Cocola-Gant, chercheur à l’Institut de géographie et d’aménagement du territoire de l’université de Lisbonne, constate que “cela affecte tout le monde en ce moment – pas seulement la population vulnérable”. Les familles ne peuvent plus payer de logement à leurs enfants étudiants, qui doivent renoncer à leur cursus, les médecins renoncent à ouvrir des cabinets en raison des loyers, etc.

Rita Silva, chercheuse et militante pour l’accès au logement, dénonce l’“énorme afflux de nomades numériques”, ces “étrangers travaillant à distance qui ont pu obtenir des visas depuis octobre dernier s’ils répondent à une série d’exigences, notamment des revenus mensuels de plus de 3 040 euros – quatre fois le salaire moyen portugais” précise le Guardian. Agustín Cocola-Gant voit en eux “une population privilégiée qui profite de cette inégalité mondiale et [qui vient] essentiellement ici pour s’embourgeoiser et mettre encore plus de pression sur le marché du logement”.

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