« Love Lies Bleeding » au cinéma : le film avec Kristen Stewart dissèque les corps sous toutes ses coutures

Kristen Stewart se trouve souvent recouverte de sang dans le film « Love lies bleeding ».
Metropolitan Film Kristen Stewart se trouve souvent recouverte de sang dans le film « Love lies bleeding ».

CINÉMA - L’amour passionnel qui pousse au crime est un grand classique du cinéma. Dans la lignée de Bonnie et Clyde et Thelma et Louise, un nouveau duo vient se rajouter à la liste : Lou et Jackie. Les héroïnes de Love Lies Bleeding, jouées par Kristen Stewart et Katy O’Brian, viennent dépoussiérer le genre du couple en cavale.

Kristen Stewart pourrait jouer dans un Marvel, mais à une seule condition

Le film de la réalisatrice britannique Rose Glass, en salles depuis le mercredi 12 juin, montre comment un coup de foudre peut se transformer en spirale de violence. À la fin des années 1980, dans une petite ville aride des États-Unis, Lou s’ennuie à mourir. Elle gère une salle de sport délabrée, aux toilettes bouchées, où elle esquive quotidiennement les avances d’une jeune femme un peu niaise, et écoute des cassettes pour essayer d’arrêter de fumer.

Jusqu’au jour où elle voit Jackie passer les portes de Crater Gym. Mini short et maxi muscles, la bodybuildeuse sait charmer les hommes aussi bien que leur mettre une raclée, ce qu’elle n’hésite pas à faire lorsqu’un client de la salle de sport devient trop lourd avec elle. Dès leur première rencontre, c’est le coup de foudre.

Jackie, sans le sou et de passage en ville pour s’entraîner avant un concours de culturisme à Las Vegas, emménage chez Lou, qui l’initie aux stéroïdes. Elle trouve un travail dans un stand de tir, dirigé par le terrifiant Lou Sr., sans savoir que le gangster à la calvitie et cheveux longs n’est autre que le père de sa nouvelle petite amie, qui a coupé tout lien avec lui.

L’étrange famille de Lou finira par sceller le destin des deux amoureuses, dans le sang et la violence. Jackie et le spectateur vont découvrir progressivement que le mental d’acier de Lou, et sa capacité à gérer des situations de stress intense (comme nettoyer des scènes de crime), sont le fruit de son éducation.

« Love Lies Bleeding » : un film sous stéroïdes

Le film démarre comme une romance, avec des scènes de baiser et de sexe réalistes, loin des moments intimes souvent glamourisés et édulcorés au cinéma. Le personnage de Kristen Stewart, ouvertement lesbienne dans le film, mène la danse. Sans détour, elle demande à Jackie de lui montrer comment elle se masturbe habituellement, permettant à la réalisatrice Rose Glass de mettre l’accent sur la recherche du plaisir féminin.

Dans « Love Lies Bleeding », le corps bodybuildé de Katy O’Brian devient presque un personnage à lui seul.
Metropolitan Film / Anna Kooris Dans « Love Lies Bleeding », le corps bodybuildé de Katy O’Brian devient presque un personnage à lui seul.

La réalisatrice érotise la musculature de Jackie, sous le regard de Lou. Son corps bodybuildé n’est pas montré uniquement sous le prisme de la force physique. Rose Glass prouve qu’une femme forte, avec des attributs généralement considérés comme masculins, peut être sexy. L’actrice Katy O’Brian, déjà physiquement impressionnante par sa pratique compétitive des arts martiaux et du culturisme, s’est entraînée dur pour ce rôle.

Et ses scènes de chorégraphie, passage obligatoire d’une compétition de culturisme, sont spectaculaires. Sous l’influence des stéroïdes, les muscles de Jackie prennent une tournure inquiétante. En gros plan, on les voit progressivement changer de taille, les veines semblent exploser. Cette transformation façon incroyable Hulk est renforcée par le bruit oppressant des biceps qui craquellent sous la peau.

Plus sanglant que sulfureux

Mais Love Lies Bleeding est avant tout un thriller noir et la beauté des corps n’éclipse pas l’horreur. Rose Glass filme aussi la réalité physique et psychique des violences conjugales. Jena Malone campe la sœur de Lou, mère au foyer et victime dans le déni. Dave Franco apporte une dimension presque comique au personnage du mari violent. Mais en montrant les blessures et pas les coups, le film rappelle que le cycle de la violence domestique va toujours en s’aggravant. Le corps suffit à faire passer le message car Jena Malone n’est pas juste maquillée d’un œil au beurre noir suggestif. Son visage est tuméfié, ses os fracturés, sa vie en danger.

Le grand méchant du film est un fana d’insectes étranges et d’armes à feu.
Metropolitan Film / Anna Kooris Le grand méchant du film est un fana d’insectes étranges et d’armes à feu.

Tout au long du film, Rose Glass ne fait pas que suggérer la violence, elle la filme sans détour, montrant des cadavres en piteux état et s’attardant sur les détails les plus gores d’une scène d’homicide. Le sang gicle au mur, la chair est déchiquetée, les tapis dans lesquels sont roulés les corps sont impossibles à laver. Pour autant, même les spectateurs les plus sensibles pourront apprécier ces séquences grâce à l’humour qui les accompagne.

L’excellent jeu de Kristen Stewart détend immédiatement l’atmosphère, pourtant plus que tendue, comme lorsqu’elle se refuse de voler le paquet de cigarette de la poche du cadavre dans le coffre de sa voiture. Les échanges avec son père, joué par le glaçant Ed Harris, brillent par ce mélange de peur et de comédie.

Les hallucinations sous stéroïdes de Jackie apportent même une dimension fantastique et joyeusement ridicule au film. Alors quand nos deux héroïnes courent main dans la main, sourire aux lèvres sous le ciel étoilé, au son de la bande originale de Clint Mansell, leur amour arrive presque à nous faire oublier les litres d’hémoglobine.

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