Loukachenko a-t-il besoin de Prigojine et de Wagner ?

Beaucoup de questions se posent sur l’avenir d’Evgueni Prigojine, le fondateur et patron du groupe de mercenaires Wagner. Le deal passé avec le président biélorusse a permis de stopper la mutinerie du 24 juin, les poursuites contre Prigojine devant être arrêtées s’il quittait la Russie. De nombreuses personnalités moscovites, notamment la directrice de la télévision fédérale RT, Margarita Simonian, se sont élevées contre l’éventualité d’une impunité accordée au “traître”.

Le journaliste de la mouvance patriotique Maxime Kalachnikov, sur le site Svobodnaïa Pressa, fait une comparaison qui donne la mesure d’un tel marché : “Imaginez qu’aux États-Unis, le patron de la société militaire privée Executive Outcomes décide de marcher sur Washington avec une armée de prisonniers, puis passe un accord avec le Premier ministre du Canada comme quoi ses troupes font demi-tour et lui s’expatrie. De quoi aurait l’air le pouvoir américain ?”

Le 27 juin, de nombreuses sources annonçaient l’arrivée d’Evgueni Prigojine à Minsk, tandis que, la veille, la source russe indépendante Verska affirmait que des camps étaient déjà en construction en Biélorussie pour accueillir 8 000 combattants de Wagner. Selon le quotidien Moskovski Komsomolets, la perspective de la présence de ces combattants aguerris et armés jusqu’aux dents à leurs frontières a “crispé la Pologne et les pays Baltes, inquiets pour leur sécurité”.

Le tabloïd relaie les hypothèses de divers experts concernant l’avenir de Prigojine et de ceux de ses combattants qui n’auront pas choisi “d’intégrer l’armée régulière russe” ou de “rentrer chez eux”, comme l’a offert Vladimir Poutine, mais auront pris la direction de la Biélorussie.

Pour le politologue biélorusse Vadim Guiguine, “si des combattants de Prigojine sont finalement positionnés en Biélorussie, ils n’auront jamais le même statut que Wagner en Russie. Loukachenko ne peut tolérer que des groupes évoluent sur son territoire sans être assujettis à la rigide verticale du pouvoir”. Théoriquement, ces troupes ne pourraient donc pas relever d’un business privé et Evgueni Prigojine en être l’homme fort totalement indépendant.

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