L'Onu exhorte le Kenya à ne pas fermer un grand camp de réfugiés

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exhorté mardi le Kenya à revoir sa décision de fermer l'énorme camp de réfugiés de Dadaab, en prévenant qu'il ne participerait pas à une opération de rapatriement des réfugiés en Somalie contraire au droit international. /Photo d'archives/REUTERS/Eduardo De Francisco

GENEVE (Reuters) - Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exhorté mardi le Kenya à revoir sa décision de fermer l'énorme camp de réfugiés de Dadaab, en prévenant qu'il ne participerait pas à une opération de rapatriement des réfugiés en Somalie contraire au droit international. Les autorités kényanes ont annoncé samedi avoir donné trois mois au HCR pour déplacer en territoire somalien ce camp de réfugiés, le plus vaste au monde, qui abrite officiellement 350.000 réfugiés somaliens, dans le cadre des mesures de sécurité prises par le pays après le massacre de l'université de Garissa le 2 avril, qui a fait 148 morts. Selon Nairobi, le camp de Dadaab, situé dans un région aride et isolée du nord-est du Kenya, abrite des militants islamistes. Réagissant à cette requête, le HCR s'est inquiété des "conséquences extrêmes sur le plan humanitaire et pratique" d'une "fermeture brutale" du camp. "Nous exhortons donc les autorités kényanes à réexaminer la question", a déclaré Karin de Gruijl, porte-parole du HCR, lors d'une conférence de presse à Genève. "Le principal problème concerne le caractère volontaire des retours. Rapatrier ces personnes sous la contrainte pourrait contrevenir au droit international et le HCR ne facilitera pas une telle mesure", a-t-elle prévenu, en citant la convention des Nations unies sur les réfugiés de 1951. Njonjo Mue, un conseiller de l'ONG Kenyans for Peace, Truth and Justice à Nairobi, souligne que l'évacuation du camp pourrait servir les desseins des islamistes d'Al Chabaab, qui ont revendiqué le massacre commis à Garissa. "Au final, nous apporterions aux Chabaab une armée prête à combattre de, disons, 200.000 jeunes gens désespérés qui n'ont plus rien à perdre", dit-il. Le HCR s'est déclaré prêt à travailler avec les autorités kényanes pour renforcer le maintien de l'ordre à l'intérieur du camp, afin de protéger les réfugiés et les Kényans contre d'éventuelles incursions de groupes armés. "Le gouvernement kényan n'a pas dit que le camp devait être fermé parce que les Chabaab sont dans le camp. Le gouvernement kényan est juste préoccupé par la situation générale dans le camp", a déclaré la porte-parole Karin de Gruijl. "Avec lui, nous avons renforcé le maintien de l'ordre dans le camp et la situation est beaucoup plus calme qu'il y a quelques années." Le camp de Dadaab a été installé dans les années 1990 pour accueillir les réfugiés fuyant la guerre civile en Somalie. (Stephanie Nebehay, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)