L'ONU affirme que l'Afghanistan est le "pays le plus répressif au monde" pour les droits des femmes
Une nouvelle condamnation de l'Afghanistan, un an et demi après l'arrivée au pouvoir des talibans. Les Nations unies ont appelé les talibans mercredi, pour la Journée internationale des droits des femmes, à "immédiatement" mettre fin aux "restrictions draconiennes" prises à l'encontre des femmes en Afghanistan.
"L'Afghanistan sous les talibans reste le pays le plus répressif au monde en ce qui concerne les droits des femmes", a dénoncé dans un communiqué Rosa Otounbaïeva, cheffe de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua).
"Il a été navrant d'assister à leurs efforts méthodiques, délibérés et systématiques pour écarter les femmes et les filles afghanes de la sphère publique", a-t-elle poursuivi.
Un appel d'une vingtaine de pays
Les chefs de la diplomatie d'une vingtaine de pays et de l'Union européenne ont déploré dans un communiqué commun que l'Afghanistan soit "l'un des pays au monde où le respect des droits de l'Homme, des femmes et des filles a le plus reculé".
"Nous demandons instamment et d'une seule voix aux talibans" de "revenir sur toutes les décisions et les pratiques restreignant l'exercice par les femmes et les filles de leurs droits et de leurs libertés fondamentales", ajoute le texte signé par une majorité de pays occidentaux mais aussi par l'Arabie saoudite et la Turquie.
Les Afghanes interdites d'école secondaire
Depuis leur arrivée au pouvoir en août 2021, les talibans ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes. L'accès à l'université et à l'école secondaire leur est interdit. Elles ont aussi été exclues de nombreux emplois publics, ou sont payées une misère pour rester à la maison.
Elles n'ont pas le droit de voyager sans être accompagnées d'un parent masculin et doivent se couvrir intégralement lorsqu'elles sortent de chez elles. En novembre, les talibans leur ont également interdit d'entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.
Une grave crise humanitaire
"Le fait de confiner à domicile la moitié de la population du pays dans le cadre de l'une des crises humanitaires et économiques les plus graves au monde est un acte colossal d'automutilation nationale", ont déploré les Nations unies.
Quelque 22,8 millions d'Afghans - plus de la moitié de la population - sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, et trois millions d'enfants risquent de souffrir de malnutrition, selon des économistes.
Une vingtaine de femmes ont manifesté mercredi à Kaboul, ont constaté des journalistes de l'AFP. "Le temps est venu pour les Nations Unies de prendre des décisions décisives et sérieuses pour le sort du peuple", a déclaré l'une d'elles dans un message lu devant les participantes.
Les Nations unies estiment qu'en 2023, "11,6 millions de femmes et de filles afghanes auront besoin d'une aide humanitaire". La communauté internationale a lié la reconnaissance du régime taliban, et le versement des aides humanitaire et financière dont l'Afghanistan a besoin, au respect par les talibans des droits humains, en particulier ceux des femmes à être éduquées et à travailler.