Londres : la police accusée de sexisme, d’homophobie et d’humiliations dans un rapport

À Londres, la police serait « institutionnellement » raciste, misogyne et homophobe selon un nouveau rapport indépendant publié ce mardi 21 mars.A Metropolitan Police officer walks beside a protest march against the Islamic revolutionary Guard Corps (IRGC) near Big Ben and the Houses of Parliament, in central London, on January 21, 2023. (Photo by Justin TALLIS / AFP)

ROYAUME-UNI - Les mots sont forts et lourds de sens pour Scotland Yard. La police de Londres est « institutionnellement » raciste, misogyne et homophobe, selon un nouveau rapport indépendant qui accable le « Metropolitan Police Service » de la capitale britannique ce mardi 21 mars.

Déjà en crise après une série de scandales, la police londonienne doit réaliser un « changement de culture », comme l’a réclamé le Premier ministre conservateur Rishi Sunak. « La police doit rétablir la confiance dans ses services », a-t-il également demandé.

« Nous devons nettoyer » la police de Londres, « il est temps de changer radicalement », a affirmé sur la BBC Louise Casey, autrice de ce rapport indépendant de 363 pages qui fait depuis la Une des médias britanniques. C’est une police « brisée et pourrie », résume le journal Daily Mail. Scotland Yard « a perdu la confiance du public », retient de son côté The Daily Telegraph.

Ce rapport avait été commissionné après le meurtre de Sarah Everard, Londonienne de 33 ans violée et tuée par un policier, Wayne Couzens, qui l’avait arrêtée sous un faux prétexte en 2021 alors qu’elle rentrait à pied chez elle.

Ce meurtre a traumatisé les Britanniques à un moment où la « Met Police » -plus grande force du pays avec plus de 43 000 officiers et membres du personnel- s’englue dans une série de scandales et crimes sexuels, alimentant une grave crise de confiance.

Même constat, 25 ans après le rapport Macpherson

Louise Casey, membre de la Chambre des Lords et qui a occupé plusieurs postes à responsabilités au ministère de l’Intérieur, avait déjà publié en octobre dernier un rapport préliminaire dénonçant le laxisme de Scotland Yard face au racisme et au sexisme.

En introduction du document publié ce mardi, elle décrit une police « institutionnellement (...) raciste, sexiste et homophobe ». Des mots qui font également écho à un autre rapport, publié en 2022 et qui accablait alors… Les pompiers de Londres.

Selon elle, les violences visant les femmes et les filles n’ont « pas été prises au sérieux en termes de ressources et de priorités ». La longue enquête dépeint notamment comment des preuves dans des affaires de viols (prélèvements d’urine ou de sang par exemple) n’ont pu être exploitées après avoir été stockées dans des réfrigérateurs surchargés -parfois fermés à l’aide de sangles- ou carrément tombés en panne.

Par ailleurs, « malgré la présence de quelques officiers supérieurs expérimentés, c’est un personnel inexpérimenté et surchargé qui s’occupe de la protection de l’enfance, des viols et des délits sexuels graves », note encore Louise Casey. « Les gens de couleur sont trop surveillés et sous-protégés », accuse-t-elle.

Elle souligne que les femmes travaillant dans la police sont « victimes de sexisme au quotidien » et qu’une « homophobie profondément ancrée » règne au sein de la Met. Mais selon l’autrice du rapport, « ce rapport est le premier à mettre à nu l’ensemble des manquements à l’égard des Londoniens, des noirs de Londres, des femmes, de leurs propres agents ».

Mais elle s’inquiète qu’il ne soit pas suivi des « réformes profondes qui s’imposent ». Elle décrit une force « qui fait preuve de peu d’humilité », réticente « à admettre qu’il y a des problèmes ». D’autant plus que ce nouveau document est publié près de 25 ans après le rapport Macpherson, commandé après le meurtre d’un adolescent noir, Stephen Lawrence. Il avait déjà conclu en 1999 à un « racisme institutionnel » au sein de la police.

« Les preuves sont accablantes »

En 2021, l’affaire Everard a été suivie de plusieurs autres scandales et rapports dénonçant le racisme et le sexisme dans la police londonienne. Sous pression, la cheffe de la police Cressida Dick avait finalement démissionné début 2022.

La crise de confiance a encore été aggravée quand David Carrick, un policier de 48 ans a plaidé en janvier coupable de 24 viols et de multiples agressions sexuelles contre douze femmes entre 2003 et 2020. Il terrorisait ses victimes en mettant en avant ses fonctions.

La Met avait alors indiqué que 1 633 affaires d’agressions sexuelles ou de violences domestiques présumées impliquant plus de 1 000 officiers et agents ces dix dernières années allaient être réexaminées.

À ce propos, Louise Casey estime ne pas être en mesure de « pouvoir assurer » qu’il n’y a plus de criminels tels Wayne Couzens et David Carrick dans la police londonienne.

« C’est un rapport très inquiétant », a admis le chef de la police londonienne, Mark Rowley. « On ne peut pas le lire sans être bouleversé, gêné et humilié ». « Nous allons faire tout notre possible pour réformer et changer » la police de Londres, a-t-il poursuivi, promettant de débarrasser la force de tous ses « individus toxiques ».

« Les preuves sont accablantes », a déclaré de son côté le maire de Londres Sadiq Khan qui évoque même l’un des « jours les plus sombres » dans l’histoire de la police londonienne. « Il est dans notre intérêt à tous de veiller à ce que les services de police changent, de fond en comble ».

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