Ce que l'on sait de l'agression de Jean-Baptiste Trogneux, petit-neveu de Brigitte Macron

Une agression, plusieurs versions, et des condamnations unanimes. Lundi soir, peu après l'interview télévisée d'Emmanuel Macron, Jean-Baptiste Trogneux, 30 ans, responsable d'une chocolaterie à Amiens et petit-neveu de Brigitte Macron - et donc par alliance du président de la République - a été violemment attaqué devant son commerce d'Amiens par une dizaine de personnes. Il souffre de multiples blessures.

• Comment s'est déroulée l'agression?

Selon des informations de source policière obtenues par BFMTV, lundi aux alentours de 22 heures, plusieurs individus ont jeté des projectiles, dont des poubelles, sur la devanture de la chocolaterie Trogneux, dont le petit-neveu de Brigitte Macron est le patron. Le petit-neveu de Brigitte Macron est alors descendu de son domicile, situé juste au-dessus de la boutique.

Il a alors fait face à un déferlement de haine. "Il ouvre la porte, et à ce moment-là une dizaine d'individus qui le reconnaissent commencent à l'insulter et se jettent sur lui et le rouent de coups", a détaillé à BFMTV son père Jean-Alexandre Trogneux.

"Quand je parle de rouer de coups, c'est des coups de poing dans la figure, à plusieurs reprises, ils l'ont jeté au sol et l'ont tabassé avec des coups de pieds dans la tête, dans la tempe, dans les doigts, dans les bras", a-t-il ajouté, précisant que ses blessures nécessitent de passer un scanner cérébral. "Il a une commotion, plusieurs doigts abîmés, des côtes cassées", a-t-il détaillé son père. Quatre jours d'ITT lui ont été prescrits.

Son salut, Jean-Baptiste Trogneux le doit à l'intervention d'un voisin, "qui courageusement s'est déplacé avec ses fils pour éloigner les agresseurs et qu'il puisse rentrer chez lui", a encore expliqué son père.

• Quel est le profil des agresseurs?

Peu après l'agression, huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Il s'agit de sept hommes majeurs, âgés de 20 à 35 ans, et d'une adolescente de 16 ans.

Deux personnes sont connues des autorités avec des antécédents judiciaires, une autre est connue du renseignement territorial. Selon des informations de RMC, trois des hommes interpellés sont des "majeurs protégés", deux sous curatelle, un sous tutelle.

Comme l'a appris BFMTV ce mercredi matin de source policière, quatre personnes vont être jugée: trois hommes majeurs en comparution immédiate et l'adolescente mineure va être présentée à un juge pour enfants. Quatre autres individus ont été relâchés sans aucune poursuite judiciaire.

Opposés de longue date au président de la République et à la réforme des retraites, ils ont participé à de nombreux rassemblements contre le gouvernement organisés à Amiens depuis plusieurs semaines.

• Quelle est la version des agresseurs?

Trois des quatre agresseurs relâchés ont dénoncé auprès de RMC le traitement selon eux injuste de cette agression dans les médias. "Ça n'est pas parce que c’est le neveu de Brigitte Macron qu’il faut le défendre. On vit dans une drôle de France, il faut se réveiller", dit l'un d'entre eux. Selon leur version, la chronologie de l'altercation serait différente.

"On a mis quelques poubelles et il y a le petit-neveu de Brigitte Macron qui a poussé quelqu’un sur une poubelle", disent-ils.

"On l’a défendu et lui est parti porter plainte directement au commissariat pour violences, soit disant des coups de poing, des coups de pied. [...] Le neveu de Brigitte Macron a bousculé notre camarade, on est venus pour séparer et quand on est repartis il y a la voiture de la BAC qui est venue", indiquent-ils encore, précisant qu'ils ne sont "pas violents."

Les trois individus ne semblent pas regretter l'épisode. Ces jeunes pensent "qu'on ne peut pas rester comme ça, surtout avec un Président qui ne nous écoute pas", "il faut faire un Mai 68".

"Moi, ce que je pense, c’est qu’Emmanuel Macron devrait démissionner parce que là ça va partir en guerre, toute la France va se révolter. À Paris c’est chaud, dans les autres villes aussi, maintenant ça va être Amiens. Là on se fait bien entendre, on va se faire entendre encore plus. En tout cas, on est là et on ne lâche rien", conclut l'un d'entre eux.

• Indignation générale de la classe politique

A la suite de cet épisode, l'indignation a gagné l'ensemble de la classe politique. Le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé "la brutalité et la bêtise" des agresseurs tandis que son épouse, Brigitte Macron, a pointé "la lâcheté" des auteurs.

Dans les rangs de la majorité, plusieurs élus ont ainsi dénoncé l'épisode. "De pire en pire! Et maintenant la famille du président de la République", a commenté le député Renaissance Karl Olive.

Côté LR, le président du parti de droite, Éric Ciotti, a condamné "avec fermeté" l'agression. "Oui au débat démocratique, non à la violence et à la terreur. La sanction doit être implacable pour ces agresseurs", a-t-il écrit sur Twitter. Marine Le Pen, la présidente des députés RN à l'Assemblée, a elle aussi appelé à des sanctions "très sévères" contre les auteurs présumés de "ce type d'agissements".

La Nupes a également fait front contre l'agression. François Ruffin, député LFI de la Somme, qui connaît bien la famille Trogneux a jugé que "ces faits sont graves et inadmissibles. On ne défend pas la démocratie en s'attaquant à un chocolatier".

Jean-Luc Mélenchon a également "protesté" contre l'agression mais a demandé à Emmanuel Macron et "Madame d'en faire autant pour nos amis agressés ou menacés sans réserver leur sollicitude au seul Zemmour quand il fut molesté".

• La ville d'Amiens sous le choc

Devant la boutique de Jean-Baptiste Trogneux, située sur une rue piétonne du centre-ville, et dont la façade à l'ancienne promeut une maison vieille de "six générations", les vendeuses confient être régulièrement victimes "d'insultes" ou d'invectives, de la part d'opposants au chef de l'Etat.

"On a beau ne pas être d'accord, en colère, on ne s'en prend pas au Président, on ne s'en prend pas à la famille, aux gens physiquement", déplore un sexagénaire interrogé non-loin du lieu de l'agression.

Sachet de chocolats en main, une cliente et "amie" des Trogneux, Bénédicte Caulliez, est elle aussi "très choquée". "Pourquoi? Il n'y a aucune raison d'attaquer la chocolaterie", se désole cette sexagénaire. Elle pointe une "haine qui monte", aux contours imprécis.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la boutique est prise pour cible. Crottes de chien dans le courrier, enfumages dans un magasin, tags dans d'autres, vitrines fracassées, menaces de mort... La famille fait l'objet de très nombreuses agressions et appelle à faire cesser l'amalgame entre "un membre de la famille et la famille toute entière".

Article original publié sur BFMTV.com