Ce que l'on sait des frappes américaines contre des cibles iraniennes en Syrie et en Irak

Les États-Unis ont mené des frappes visant des forces d'élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie, en représailles à une attaque de drone en Jordanie qui avait tué dimanche trois militaires américains. Voici ce que l'on sait à ce stade.

• Sept sites visés

La Maison Blanche a indiqué que les avions de combat américains avaient visé au total 85 cibles sur sept sites différents -trois en Irak et quatre en Syrie- et que l'opération avait été un "succès".

Les forces armées américaines ont pris pour cible le Corps des Gardiens de la Révolution islamique, armée idéologique du régime iranien, sa Force Qods qui est son unité d'élite et des groupes armés pro-iraniens.

Au moins 23 combattants pro-iraniens incluant neuf Syriens et six Irakiens ont été tués dans l'est de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

En Irak, 16 personnes parmi lesquelles des civils ont été tuées, a annoncé samedi le gouvernement irakien. Le bilan pourrait toutefois être plus lourd, le Hachd al-Chaabi irakien, coalition de groupes armés pro-iraniens, formés d'ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières, annonçant dans ses seuls rangs un bilan de "16 martyrs et 36 blessés".

Bagdad dénonce une "violation de la souveraineté irakienne"

Bagdad a fustigé une "violation de la souveraineté irakienne", tandis que les États-Unis ont affirmé "avoir prévenu le gouvernement irakien avant les frappes". Les représailles américaines contribuent à "attiser le conflit au Moyen-Orient de manière extrêmement dangereuse", a aussi réagi dans un communiqué le ministère syrien des Affaires étrangères.

L'Iran a "condamné avec force" les frappes américaines et dénoncé "une violation de la souveraineté de la Syrie et de l'Irak", tandis que le mouvement islamiste palestinien Hamas a estimé qu'elles mettaient "de l'huile sur le feu".

Joe Biden n'a pas ordonné de frappes sur l'Iran comme le réclamaient certains opposants républicains. Le dirigeant démocrate n'a semble-t-il pas visé non plus de responsables iraniens comme l'avait fait son prédécesseur Donald Trump en janvier 2020 en faisant tuer dans une frappe à Bagdad Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient.

Le président américain a déclaré vendredi que "les États-Unis ne voulaient pas de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde" et la Maison Blanche a répété après les frappes ne pas vouloir d'une "guerre" avec l'Iran avec lequel ils n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980.

• Trois militaires américains tués

Joe Biden, en campagne pour un second mandat, s'était engagé à répondre à la mort dimanche de trois militaires américains tués par une frappe de drone en Jordanie, près de la frontière syrienne, où 350 soldats sont stationnés dans le cadre de la lutte contre le groupe Etat islamique.

Leurs corps ont été rapatriés vendredi. Les États-Unis ont montré du doigt des groupes armés irakiens soutenus par l'Iran.

Les forces américaines en Irak et en Syrie ont subi au moins 165 attaques de drones ou tirs de roquette depuis la mi-octobre, selon un responsable officiel mais c'était la première fois dimanche que des soldats américains perdaient la vie.

• Des tensions régionales

Les tensions régionales ne cessent de croître depuis l'attaque sanglante du Hamas, soutenu par l'Iran, contre Israël, suivie par des bombardements israéliens incessants sur la bande de Gaza.

Par leur diplomatie et leur présence militaire dans la région, les États-Unis tentent depuis près de quatre mois d'empêcher que le conflit entre l'État hébreu et le mouvement islamiste palestinien ne s'étende au Liban et à un conflit entre Israël et le Hezbollah soutenu par l'Iran.

Mais Washington, avec l'appui de Londres, a eu recours à l'action militaire depuis le 7 octobre contre les rebelles pro-iraniens Houthis au Yémen qui lancent des attaques contre des navires marchands ou militaires en mer Rouge.

• D'autres actions à prévoir

Joe Biden a prévenu que la "riposte" des États-Unis avait "commencé aujourd'hui" et qu'"elle continuera(it) selon le calendrier et aux endroits" que Washington "décider(a)".

"Nous ne voulons plus voir une attaque de plus contre des positions ou des militaires américains dans la région", a prévenu le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Nombre d'experts à Washington pensent que l'Iran ne prendra pas le risque d'un conflit direct avec la première puissance mondiale mais qu'il s'est renforcé depuis la guerre à Gaza et son soutien au Hamas en ralliant davantage d'appuis dans le monde arabe.

Article original publié sur BFMTV.com