Ce que l'on sait sur la collision entre deux trains survenue en Grèce

Aux premières lueurs du jour, des images montraient des wagons calcinés dans un enchevêtrement de pans de métal et de fenêtres brisées, des secouristes tentant de dégager des survivants tandis que d'épaisses fumées s'échappaient encore d'autres wagons accidentés et renversés sur le côté.

D'après les médias locaux, il s'agit du "pire accident ferroviaire que la Grèce ait jamais connu". Un train avec 342 passagers à son bord est entré en collision avec un convoi de marchandises, faisant au moins 38 morts.

• Une collision frontale extrêmement violente

La collision s'est produite mardi peu avant minuit au nord de la ville de Larissa, dans le centre du pays, à la sortie d'un petit tunnel au-dessus duquel passe une autoroute. Le train de passagers effectuait la liaison entre Athènes et Thessalonique, la deuxième ville de Grèce dans le nord du pays, tandis que le train de marchandises effectuait le trajet inverse.

Sous le violent choc frontal, les locomotives et wagons de tête ont été pulvérisés et les conducteurs des deux trains tués sur le coup. Le wagon-restaurant du train de passagers a lui pris feu.

"Nous avons ressenti la collision comme un grand tremblement de terre", a témoigné un passager, Angelos, 22 ans, sur les lieux de l'accident.

"Heureusement, nous étions dans l'avant-dernière voiture et nous en sommes sortis vivants. Il y a eu un incendie dans les premières voitures et la panique s'est ensuivie. C'est un cauchemar que j'ai vécu (...) Je tremble encore", a-t-il poursuivi.

"Les gens ont commencé à détruire les vitres pour sortir des wagons, ils hurlaient. C'était la panique totale", raconte un autre passager sur la chaîne Skaï.

• Une "tragique erreur humaine"

Après la collision, les autorités grecques ont indiqué que les deux trains circulaient sur la même voie "depuis plusieurs kilomètres", a précisé le porte-parole du gouvernement Yiannis Oikonomou.

En larmes, le ministre des Transports, Kostas Karamanlis, venu sur place, promet que toute la lumière sera faite pour déterminer les causes de l'accident alors que certains dénoncent déjà le manque de sécurité sur les trains grecs.

"J'avais l'impression que quelque chose n'allait pas bien quand nous nous sommes arrêtés. Nous avons été retardés à cause du trafic intense sur les voies ferrées, le conducteur nous a dit que nous serions retardés de 15 minutes, car c'est une voie unique. Nous aurions probablement dû être retardés davantage, (ce) n'était pas correctement planifié", enrage un passager sur la chaîne de télévision MEGA.

Le chef de la gare de Larissa, dans le centre de la Grèce, a été arrêté après la violente collision frontale entre deux trains qui a fait au moins 36 morts ce mardi soir, selon une source policière.

"Le chef de gare de 59 ans a été arrêté. Les faits qui lui sont reprochés seront annoncés sous peu", a dit cette source.

Ce mercredi, en fin de journée, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a pointé du doigt une "tragique erreur humaine".

"Tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine", a dit le chef du gouvernement.

• Des voix s'élèvent pour dénoncer des manquements

Certains dénonçaient déjà le manque de systèmes de sécurité performants alors que les usagers des trains en Grèce dénoncent régulièrement leur vétusté. Le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, qui s'est rendu sur les lieux du drame, a dénoncé le manque de sécurité, selon lui, sur cette ligne qui relie les deux principales villes de Grèce.

"Toute (la signalisation) est faite manuellement. C'est depuis l'an 2000 que les systèmes de sécurité ne fonctionnent pas", s'est-il emporté sur la chaîne de télévision Ert.

"C'est un accident inimaginable. Deux trains se sont retrouvés sur la même voie et sont entrés en collision frontale, probablement à cause d'une erreur humaine. Aucun système de sécurité, télécommande et feux de circulation ne fonctionnent. Cet horrible accident aurait été évité si les systèmes de sécurité fonctionnaient", assure-t-il.

La société des chemins de fer Hellenic Train, privatisée en 2017, est contrôlée par le groupe public italien Ferrovie di Stato (FS). Contacté par l'AFP, FS n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.

• Au moins 38 personnes sont mortes

Au moins 38 personnes sont mortes et 85 ont été blessées, selon Vassilis Vathrakogiannis, le porte-parole des pompiers grecs, qui a précisé que les opérations de secours pour tenter de dégager des passagers éventuellement encore coincés dans les wagons accidentés étaient toujours en cours.

En outre, "66 personnes ont été hospitalisées dont six sont en soins intensifs", a-t-il ajouté.

Ce décompte "devrait augmenter" alors que les opérations de secours se poursuivent dans des conditions difficiles.

Selon le ministre grec de la Santé, Thanos Plevris, "la plupart des passagers étaient des jeunes". De nombreux étudiants rentraient à Thessalonique après un week-end prolongé en raison d'un jour férié en Grèce.

• Les opérations se poursuivent

"Le travail des pompiers et des sauveteurs est très difficile, ils sont en train de rechercher (...) les corps calcinés", a expliqué Konstantinos Giannakopoulos, le président de l'union des médecins de Larissa sur la chaîne de télévision publique ERT.

Selon des indications des secours dans la nuit, 194 passagers ont pu être évacués. En matinée, deux immenses grues ont été déployées pour enlever des carcasses calcinées, dégager des pans de métal et permettre ainsi aux secours d'accéder à d'éventuelles victimes.

Quelque 150 pompiers, ainsi que 40 ambulances, aidés par des mécaniciens, ont été mobilisés selon les secours grecs. L'un des wagons, blanc avec une bande de couleur bleue et rouge, était complètement broyé rendant l'intervention des sauveteurs particulièrement difficile.

"Je n'ai jamais rien vu de tel de toute ma vie. C'est une tragédie. Cinq heures après, on continue de trouver des corps", confie, essoufflé, un secouriste après avoir extirpé deux corps d'un wagon sous une épaisse fumée.

À Larissa, où des blessés ont été transportés, le maire, Apostolos Kalogiannis, a décrit "des flots d'ambulances amenant des brûlés, des amputés, tout ce qu'on peut imaginer".

• Plusieurs réactions nationales et internationales

Le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, qui est allé sur place en milieu de journée et a décrété un deuil national de trois jours, a promis que toute la lumière serait faite sur les circonstances de cet accident de train présenté comme le pire qu'ait connu la Grèce.

"Une chose que je peux garantir, c'est que nous trouverons la cause de cette tragédie", a-t-il promis.

Le ministre des Transports, Kostas Karamanlis, la voix étranglée, a quant à lui appelé ses compatriotes à "rester calmes".

Face au drame, plusieurs dirigeants internationaux ont également apporté leur soutien à la Grèce, à l'instar de Georgia Meloni ou encore Emmanuel Macron qui a affirmé dans un tweet: "La France se tient aux côtés des Grecs".

Article original publié sur BFMTV.com