Livrer un opposant à Moscou ou Astana, c’est lui faire risquer la mort

L’ex-oligarque kazakh Moukhtar Abliazov, dont Manuel Valls vient d’autoriser l’extradition vers la Russie, est peut-être un pourri, comme l’affirme le gouvernement de son pays. Mais mérite-t-il d’en mourir ? Certainement pas.

Il n’est peut-être pas l’ange que décrivent sa femme et ses enfants. Mais une chose est sûre : l’oligarque, qui est aussi un opposant politique au régime de Noursoultan Nazarbaïev, n’aura de procès équitable ni en Russie ni au Kazakhstan. Ces deux pays font sur ce sujet depuis longtemps l’objet de blâmes récurrents des ONG internationales des droits de l’homme.

La Russie s’est engagée à ne pas renvoyer l’ex-financier au Kazakhstan, qui l’accuse d’avoir précipité la faillite de sa banque au prix d’une fraude de 6 milliards de dollars. Mais Moscou est liée à Astana par un traité d’extradition et les deux pays sont membres d’une Union eurasiatique dont l’importance politique a d’autant crû aux yeux de la Russie que ses liens avec l’Europe se sont affaiblis avec la crise ukrainienne.

Après la décision de la cour d’appel de Lyon, en octobre 2014, d’extrader le magnat kazakh, Amnesty International avait souligné auprès de Paris que «s’il était extradé, Moukhtar Abliazov risquait de subir de graves violations des droits humains» et qu’il pouvait finir «par être renvoyé au Kazakhstan, où il risquait d’être torturé et soumis à des mauvais traitements».

Pour se saisir de son ancien rival, fondateur d’un parti politique, les autorités kazakhes n’avaient pas hésité à organiser l’expulsion d’Italie de sa femme et sa plus jeune fille. Abliazov, qui a fui son pays en 2009, a été arrêté en 2013 sur la Côte-d’Azur. L’ancien champion du monde d’échecs Gary Kasparov, le militant de Memorial Lev Ponomarev et l’avocat des Pussy Riot Mark Feygin s’étaient déplacés à Lyon, où se déroulait le procès en extradition d’Abliazov, pour expliquer qu’on pouvait mourir en détention préventive en Russie, comme l’a montré l’affaire de l’avocat Sergueï Magnitski. Placés devant les (...)

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