Dans son livre "Spirale", Rédoine Faïd évoque son combat contre l'isolement
Il en avait soufflé quelques mots au deuxième jour de son procès qui vient de s'achever sur une nouvelle condamnation à 14 ans de réclusion criminelle pour son évasion spectaculaire de la prison de Réau en 2018. Rédoine Faïd, braqueur multirécidiviste, publie ce jeudi un livre Spirale dans lequel il revient sur son parcours de criminel qui l'a conduit vers un système carcéral qu'il qualifie de "moyenâgeux".
Ses erreurs, Rédoine Faïd les "assument", dit-il au Parisien. Dans ces quelque 500 pages écrites par le braqueur, il revient sur ses démêlés avec la justice qui l'ont conduit dans un "engrenage", une spirale qui lui vaut encore d'être détenu jusqu'à l'âge de 88 ans. Il y a d'abord l'évasion de la prison de Lille-Séquedin en 2013, qu'il qualifie de "connerie".
Rédoine Faïd considère que la justice depuis lui "a fait payer" en le condamnant à 25 années de prison pour avoir organisé le braquage d'un fourgon blindé à Villiers-sur-Marne au cours duquel une policière municipale a été tuée. "Après, la deuxième connerie, c’est l’évasion de Réau… l’Himalaya", confie-t-il au journal régional.
L'évasion, un "appel d'air"
Cette évasion par hélicoptère le 1er juillet 2018 grâce à l'aide, notamment, de son frère aîné Rachid, Rédoine Faïd la justifie cet "appel d’air est plus fort que la raison". "Quand tu es enfermé entre quatre murs, que tu ne vois pas le bout du tunnel, tu vas chercher la liberté. L’évasion, c’est la solution", poursuit le braqueur.
Rédoine Faïd a été condamné à 25 ans de prison pour le braquage de Villiers-sur-Marne et à 10 ans de prison pour son évasion de la prison de Lille-Séquedin. Les peines pour évasion s'ajoutent, aucune confusion n'est possible. Mercredi 25 octobre, il a été condamné à 14 ans de réclusion pour son évasion de Réau. "À quoi cela sert de me condamner à 50 ans?", s'agace-t-il.
"On met 50 ans à quelqu’un qui n’a pas de sang sur les mains. Les terroristes comme Salah Abdeslam ou des tueurs en série comme Guy Georges sortiront bien avant moi. C’est quoi le message?"
Faire de l'isolement son combat
Rédoine Faïd réfléchit à faire appel de cette nouvelle condamnation. D'autant que depuis son arrestation en novembre 2018 après trois mois de cavale, le détenu de 51 ans a été placé à l'isolement complet. Une plaque de plexiglas blindée est installée lors de ses parloirs, il n'a pas pu prendre un de ses proches dans les bras. Il sort deux fois par jour en promenade, seul. Il passe ses journées à faire du sport dans sa cellule de 9 m², à lire et à écrire.
"Ici, tout est organisé pour te pousser à craquer, devenir fou ou obèse", dit celui qui est incarcéré au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe.
Rédoine Faïd, libérable en 2060, veut faire de ses années de prison un combat contre les quartiers d'isolement: "Le mitard, c’est la mort. Tu es emmuré vivant avec des barbelés au-dessus de la tête. Tu n’as droit à rien, sauf à mourir (...) Le système carcéral en France est moyenâgeux." Ne pas sombrer relève, pour lui, du miracle.
"C’est un combat de tous les jours pour rester debout, ne pas sombrer dans le chaos carcéral. Après des années d’isolement, un détenu se suicide ou devient fou, il devient violent contre lui-même ou contre les autres. Donc, je suis déjà content d’être vivant. Je suis même surpris d’y arriver."