Livre – Un sacré « Commandant », de Veronesi et De Angelis

Vous allez bientôt voir le film. Il a fait l'ouverture de la dernière Mostra, le 30 août dernier. Et Venise allait bien à Commandant, une histoire de mer portée par un personnage aux airs de doge... Sauf que celui-là, si majestueux soit-il, ne vit pas dans un palais mais dans un sous-marin. « Un bon bâtiment dont j'ai fait doubler la proue d'acier effilé parce qu'il n'est pas dit que la guerre moderne n'exige pas soudain de nous l'emploi archaïque de l'éperon », dit-il, ce puissant seigneur subaquatique nommé Salvatore Todaro, dans le roman écrit à quatre mains par l'écrivain Sandro Veronesi et le réalisateur Edoardo de Angelis, avant que ce dernier le porte à l'écran. Placé sous le haut patronage de Platon (« il y a trois types d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui sont en mer »), Commandant est un formidable roman de guerre mais aussi une torpille d'humanisme, basée sur l'histoire vraie de ce grand soldat qui, en octobre 1940, après avoir coulé un cargo belge, choisira d'en sauver l'équipage, pourtant ennemi, malgré les ordres formels de l'amiral allemand Karl Dönitz. Un acte de désobéissance assumé avec panache par Todaro, qui aurait répondu au Grossadmiral : « Nous sommes des marins, des marins italiens, nous avons deux mille ans de civilisation derrière nous et nous agissons en conséquence. » De cette histoire, reçue comme une bénédiction par les deux auteurs révoltés par la pression subie par les gardes-côtes italiens empêchés de venir en ai [...] Lire la suite