Lire et relire Robert Bober

Robert Bober. - Credit:
Robert Bober. - Credit:

Vraiment, l'auteur de Quoi de neuf sur la guerre ? a le sens du titre : à 90 ans, son Il y a quand même dans la rue des gens qui passent (emprunté à Pierre Reverdy) est bouleversant, déjà par le souvenir d'Hélène, l'épouse de l'écrivain partie avant lui, et de leur grand amour. Robert Bober continue de s'adresser ici à son complice feu Pierre Dumayet pour retraverser vie et œuvre (y compris un début de roman inédit), parcourir sa bibliothèque, partager le courrier des lecteurs de Par instants, la vie n'est pas sûre, converser, comme autrefois, sur l'existence réelle de personnages fictifs – vaste question abordée par Dumayet dans son Autobiographie d'un lecteur, ici relue par Bober.

Mais l'essentiel du livre se nourrit de l'histoire du peuple juif revisitée au soir d'une vie qui mesure ainsi en temps de rafles l'angoisse de ses parents, dès que leurs enfants passaient le pas de la porte. Revenir au texte, le compléter, notre lecture avance à coups de prolepses, on s'y perd un peu pour mieux s'y retrouver et apprécier la riche iconographie de ce livre, essentielle pour l'homme d'images qu'est Robert Bober, écrivant avec elles autant qu'avec les mots §

« Il y a quand même dans la rue des gens qui passent », de Robert Bober (P.O.L, 288 p., 23 €). Et aussi : « Par instants, la vie n'est pas sûre » (« Folio », Gallimard, 352 p., 10,20 €).