Lionel Messi, ou la marche implacable du temps

Si vous avez des larmes… gardez-les au moins jusqu’à mardi [ce 13 décembre, l’Argentine affronte la Croatie en demi-finale de la Coupe du monde au Qatar]. Ces jours-ci, Lionel Messi offre un spectacle presque intolérablement poignant. Il y a ce sport qui nous est si cher, que nous suivons et commentons avec ferveur depuis toujours, un sport que nous prenons mille fois trop à cœur, et puis il y a Messi, le meilleur que nous ayons vu évoluer dans ce sport, dont chaque match, aujourd’hui, pourrait être le dernier. Or il a gagné un nouveau sursis.

Une allégorie de la fragilité humaine

On peut relativiser. Les plus de 50 ans se souviendront. Messi ne prendra pas sa retraite à l’instant où il sortira de cette Coupe du monde, mais c’est indéniablement le théâtre le plus cher à son cœur. Ajoutez-lui un ou deux titres en Ligue 1, même un titre de Ligue des champions avec le Paris Saint-Germain, et cela ne pèsera guère dans la postérité de Lionel Messi. Ajoutez un Mondial, et la moindre critique à son égard s’évanouira. Dans cette Coupe du monde, chacun de ses matchs est une allégorie de la fragilité fugace de l’humain et de sa beauté, une métaphore de la marche implacable du temps.

Comment dès lors s’étonner d’une telle tension, en permanence, chez les Argentins ? Comment s’étonner que le désir soit toujours si ardent ? Comment s’étonner d’une telle communion inquiète entre joueurs et supporteurs ? Reste une éternelle énigme : cette énergie chargée d’émotion porte-t-elle les Argentins, ou au contraire les étouffe-t-elle ? Jusqu’où peuvent-ils s’en nourrir ? Combien de fois encore peuvent-ils finir un match émotionnellement vidés, et se relever une fois de plus pour repartir au combat ?

Des années de disette

On trouve toujours des schémas de répétition quand on en cherche. Pour l’Argentine, il n’est pas question de Messi seulement, il s’agit de toute une époque, de tout l’état d’esprit qu’il incarne. C’est au Qatar, en 1995, que José Pékerman conduisit l’Argentine à la victoire lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans, la première depuis 1979, et la première d’une série inédite de cinq victoires en sept compétitions.

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