Ligue 1: comment Bizot et la défense portent Brest vers l'Europe

Rester parmi les trois meilleures défenses de Ligue 1 et le top 5 des meilleures défenses européennes, voilà des défis que n’imaginaient pas Christophe Revel il y a un peu plus d’un an. Arrivé de Lille un peu avant Éric Roy alors que les Bretons étaient au plus mal en fin d’année 2022, l’ancien gardien de Vannes a rencontré Marco Bizot le gardien néerlandais. "Lorsque j'étais à Lyon, je l'avais déjà étudié, car il était apparu dans une short list à l’époque où Tatarusanu est parti. On cherchait un éventuel numéro 2. Quand je l'ai vu signer à Brest, j’ai dit bien joué, car je le trouvais vraiment très intéressant. Du coup quand je suis arrivé je n'ai pas découvert le gardien, après je ne connaissais pas l'homme."

Une défense stable, un gardien posé

Formé à l’Ajax, Marco Bizot voulait pour sa fin de carrière trouver un club au bord de la mer! Un club à son image, discret mais ambitieux. Christophe Revel découvre alors peu à peu l’homme. "La première chose, c'est qu'il parle très bien français, ça compte énormément pour un un joueur ou un gardien étranger. Au début je parlais un peu anglais, mais très rapidement je suis passé au français. Ses enfants sont scolarisés ici. Sa femme parle très bien français, donc rien que ça c'est une aide assez conséquente. Sur le terrain, il a une défense qui est stable puisqu’il y a eu peu de changements depuis la fin de saison passée. Ils ont entre eux des repères de placements. Ils savent ou ils ressentent quand Marco va arriver. C'est pas un gueulard, c'est pas quelqu'un qui parle beaucoup sur le terrain. Un peu comme il est au quotidien, il cherche plutôt à être efficient que juste amener une présence orale. Il y a plein de gardiens qui parlent mais au final, plus personne ne les écoute."

Au départ, l’ancien portier s’est attaché à redonner de la confiance et proposer quelques axes de progression qui payent aujourd’hui. "C’est souvent dans les situations difficiles qu'on voit les hommes. J'ai vu un garçon posé, cohérent avec l’envie de s'en sortir. Et puis pour se fâcher, se prendre la tête ou s'embrouiller avec Marco, il faut y aller quand même. J’ai essayé de monter d'un cran l'intensité psychologique des séances. Par exemple, j'ai fait un cycle de handball avec Mathieu Kreiss l’entraîneur des gardiennes du Brest Bretagne Handball, notamment pour travailler un peu sur sur cet état d'esprit d'accepter les duels, de prendre des ballons dans le buffet, de se mettre un peu dans le dur..." Prendre un peu plus de place, une leçon parfaitement mise en pratique lors d’un arrêt récent capital face à Lorient.

"Pourquoi un gardien court?"

Avec l’arrivée d’Éric Roy, le schéma tactique a changé. Le travail du bloc défensif a évolué. Et Marco Bizot a dû travailler quelques nouveaux axes pas forcément prévus à un âge un peu avancé. "L'idée, avec les joueurs qu'on a au milieu, c’était d’aller chasser les ballons. Mais si tu vas chasser, il faut que ta défense chasse aussi. Brendan (Chardonnet), Lilian (Brassier)... se sont retrouvés à faire des interventions beaucoup plus hautes qu'ils ne faisaient auparavant. Mais si tout le monde grimpe de 10 mètres, il faut que ton gardien grimpe de 10 mètres. Il a fallu aussi amener Marco à ça dans le spécifique. On a travaillé la vélocité, la force explosive, donc on a fait des séances supplémentaires en salle. Les gardiens sont parfois revenus un après-midi supplémentaire dans la salle de muscu' quand les autres étaient au repos pour travailler ça. Ce week-end contre Metz, il prend un ballon à 30 mètres de son but, contre Paris il va faire un tacle sur Mbappé à 40 mètres de son but. Les premières séances il râlait un petit peu en disant: 'Pourquoi un gardien court?'"

Christophe Revel, qui a terminé sa carrière pro en 2009 avec Vannes en finale de la Coupe de la Ligue (perdue contre Bordeaux 4-0), a enchaîné immédiatement avec un premier contrat au Stade Rennais comme entraîneur des gardiens. Depuis 15 ans, il a entraîné Benoît Costil, Yassine Bounou, Lucas Chevalier ou encore Anthony Lopes. Mais c’est plus la personnalité de Ciprian Tatarusanu qu’il retrouve chez Marco Bizot. "J'ai beaucoup aimé travailler avec lui à Lyon. Dans le caractère, dans les attitudes, ils sont un peu pareil. Marco est quelqu'un de très cohérent, très pragmatique. Il pose des questions: 'Pourquoi je fais ça?' Une fois qu'il a compris pourquoi faire ça, il le met en place. Tous les deux ont un jeu au pied excellent avec une lecture et une compréhension des situations de très haut niveau. Ce sont des mecs simples, posés. Ça s'entraîne, ça fait le job, ça rentre à la maison, ça gère la famille, ça revient…' Avant Nantes, Reims et Toulouse lors des trois dernières journées, le Stade Brestois va retrouver sur sa route Lyon, Monaco et Rennes. Un triptyque qui pourrait donner une bonne idée du nom de la Coupe d’Europe que Brest pourrait découvrir pour la première fois l’an prochain. Sous contrat jusqu’en 2026, l’histoire devrait très certainement s’écrire avec Marco Bizot dans les buts.

Article original publié sur RMC Sport