Ligue 1: Éric Roy, le plus Niçois des Brestois

Une histoire aussi belle que surprenante. Il y a 13 mois lors de la nomination d’Eric Roy sur le banc de Brest, les observateurs et supporters des “Ty-Zefs” étaient pour le moins dubitatifs. À 1.400 kilomètres de là, à Nice, sa terre natale, la surprise fût également grande de voir ressurgir l’ancien joueur (1988-1992 puis 2002-2004), directeur du marketing (2005-2008), du développement (2008-2009), du sportif (2009-2010) puis entraîneur (entre mars 2010 et novembre 2011).

12 ans après sa dernière expérience sur un banc, Éric Roy réussit à merveille son pari brestois. Après une opération maintien convaincante, c’est dans la peau du troisième de Ligue 1 que Brest accueille Nice, deuxième, dimanche à 17h05.

Il est vu à Nice comme “le couteau suisse du football”

Après son aventure niçoise, c’est comme manager sportif à Lens (2017-2019) puis directeur sportif à Watford (2019-2020) qu’il poursuit sa vie dans le foot, tout en étant consultant pour diverses chaînes de télévision. “C'est quelqu'un qui sait ce qu'il faut faire pour y arriver, observe José Cobos, son ancien coéquipier. Quand il a terminé sa carrière, il a été directeur marketing, a passé ses diplômes à Limoges pour être manager, dans un second temps ceux d’entraîneurs… C’est pas un calculateur, quelqu’un qui sait comment y arriver et qui a du mérite.”

"Un touche-à-tout", résume Lloyd Palun, qui a eu Roy comme entraîneur à Nice : “Il est un peu le couteau suisse du football (rires). Je pense qu'il s'adapte très bien car il n’a pas peur de découvrir de nouvelles choses. Il connaît très bien le foot, a une bonne vision et beaucoup d’ambition.” Tout cela, sans manquer de revenir régulièrement sur la Côte d’Azur. Entre les joggings sur la Promenade des Anglais, les matchs de foot-volley à Juan-les-Pins et les repas à rallonge dans les restaurants italiens, le natif de Nice ne rompt jamais le fil avec sa ville.

“Il a une très grande force de persuasion”

“Je suis un jeune entraîneur. Je n'ai entraîné qu'un an et demi," ironisait le technicien de 56 ans lors de sa signature à Brest. Arrivé sans adjoint, il s’est greffé avec humilité au staff déjà en place (Bruno Grougi, Julien Lachuer, Yvan Bourgis). “Les adjoints animent les séances, se souvient Lloyd Palun. Lui prend du recul et se charge du reste. Il faut tenir les joueurs et avoir un bon discours. Il a une très grande force de persuasion pour rassembler tout le monde.” En effet, pour impliquer au mieux les Brestois dans son projet, Eric Roy incite chacun d’entre eux à prendre la parole pour fixer les règles du vestiaire, les contenus des séances, la tactique ou les objectifs à court terme. Une disponibilité et ouverture d'esprit qui séduit rapidement.

Humble et ordonné, Roy impressionne

Eric Roy adopte aussi les codes maison en portant l'écharpe du club autour du coup sur le banc ou la casquette des “Pirates” sur la tête. "Pas un coup de communication", précise-t-il, mais une volonté réelle de s'identifier à son nouvel environnement. José Cobos n’est pas surpris : “Il est unique pour moi… Et j'en ai vu beaucoup dans les vestiaires ! Lui, on voyait de suite le joueur carré, méthodique. Rien ne débordait de son sac. Il était capable de mettre un costume en lin dans son sac de sport sans qu'il ne soit froissé. C’est quelqu'un qui avait marqué le vestiaire, en étant très ouvert et impliqué. Il était humble malgré sa carrière.”

L’actuel entraîneur du Gym Francesco Farioli est aussi sous le charme : “Quand on voit la valeur de cette équipe et ce qu'elle montre depuis le début de la saison, c'est exceptionnel. Je pèse mes mots, c'est la révélation du championnat. Ce qu'ils font va au-delà de toutes les attentes. J'étais au Parc pour leur match contre le PSG. Quand on voit leur agressivité, leur envie et la volonté avec laquelle ils sont revenus dans le match, c'est énorme. Il faut vraiment féliciter l'entraîneur et les joueurs.”

Roy peut jouer un mauvais tour à son club de coeur

Parait-il qu’en général, les histoires d’amour finissent mal. Ce fut le cas entre l’OGC Nice et Éric Roy. Lui, fils de Serge Roy, ancien attaquant du Gym et des Bleus, s’en ira avec pertes et fracas. Une séparation arbitrée devant les prud'hommes en 2014 et qui coûtera 625 346€ au club pour licenciement abusif. “On garde toujours des cicatrices,” selon Lloyd Palun. José Cobos abonde en ce sens : “Bien sûr, comme pour moi. Quand on m'a licencié, Éric est le seul à avoir dit que ce n'était pas normal au club. C'était le seul à montrer de la personnalité. J'espère que le club et lui n'ont pas de rancœur.”

Sans être redevenues totalement cordiales, les relations ne sont plus aussi glaciales explique le président niçois Jean-Pierre Rivère : “Je suis très heureux pour lui. Il a eu cette opportunité, ça faisait longtemps qu’il souhaitait entraîner un club et il a très bien saisi sa chance. Le travail, il n’y a qu'à voir les résultats, parle pour lui. Je l’ai eu au téléphone, il y a quelques semaines, pour le féliciter. À part ce match-là, je vais lui souhaiter beaucoup de réussite.”

Article original publié sur RMC Sport