Lidia Jorge couronnée par le prix Médicis étranger pour « Misericordia »

Lidia Jorge avec son éditrice Anne-Marie Métailié au restaurant La Méditerranée, le 9 novembre.  - Credit:VMLM
Lidia Jorge avec son éditrice Anne-Marie Métailié au restaurant La Méditerranée, le 9 novembre. - Credit:VMLM

Au point de départ de Misericordia, récompensé ce jeudi 9 novembre par le prix Médicis étranger, ex aequo avec Impossibles adieux de Han Kang, chez Grasset, traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou, il y a l'Ehpad, un endroit dont la société préfère – Covid ou pas – tenir les portes soigneusement fermées. Un endroit qui s'appelle ici – magnifique pied de nez à ce dédain collectif – « l'hôtel Paradis ». Sur la porte, un avertissement rédigé par la directrice enjoint aux visiteurs à en percevoir la beauté : « Cette résidence est un parterre magnifique et les résidents, nos pétales les plus chéris. »

L'un de ces pétales, Donna Maria Alberti, a près de 100 ans. Autour d'elle, on guette les failles, les absences, les mots qui échappent. Et, oui, bien sûr, on les trouve ! Donna Maria est prisonnière de son fauteuil roulant, dépend du personnel soignant pour les actes les plus insignifiants de la vie quotidienne… Et plus rude encore, il lui arrive de chercher en vain dans ses souvenirs, et de courir après les mots : « Comme si un râteau avait brassé ma mémoire, emportant les lettres vers une zone hors de ma portée. »

Pourtant, Donna Maria ne lâche pas son magnétophone, un petit Olympus Note Corder DP-20, qui lui permet, tous les jours d'enregistrer ses réflexions. Figure bienveillante qui oscille entre la conteuse de village et le chœur grec, elle raconte les petites misères et les grandes tragédies des pensionnaires de l'hôtel Paradis. Elle affronte se [...] Lire la suite