"L'homme du passé": comment la France insoumise tente de ringardiser Macron et la macronie

"L'homme du passé": comment la France insoumise tente de ringardiser Macron et la macronie

On se souvient de la passe d'armes entre François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing lors du débat télévisé de l'entre-deux tours de la présidentielle 1981. "Vous avez tendance à reprendre le refrain d'il y a 7 ans 'l'homme du passé'. C'est quand même ennuyeux que dans l'intervalle vous soyez devenu l'homme du passif", avait lâché le premier au second.

40 ans plus tard, les choses sont plus simples pour la France insoumise au moment de juger Emmanuel Macron. Pour la formation de gauche, le président de la République serait et l'un et l'autre, un dirigeant d'une autre époque lesté par son bilan.

Ces derniers jours, les cadres insoumis ont ainsi dressé le portrait d'un chef de l'État suranné, aux solutions datées. Une tentative de ringardisation qui vise à priver Emmanuel Macron et son camp de la modernité qu'ils revendiquent.

Les "jeunes giscardiens" et le "vieil homme"

Clémentine Autain, députée élue en Seine-Saint-Denis, a dégainé ce lundi face à notre journaliste Apolline de Malherbe:

"La Macronie on a l’impression que ce sont les jeunes giscardiens qui sont sortis du formol".

Comme un écho aux propos de Jean-Luc Mélenchon durant les "Amfis", ces universités d'été tenues par la France insoumise à Châteauneuf-sur-Isère ce week-end. Ce dimanche, c'est Jean-Luc Mélenchon qui s'est ainsi attaqué à la tribune à un Emmanuel Macron "fantôme du XIXe ou du XXe siècle". Vendredi déjà, il l'accusait d'être d'une "autre époque", qu'il datait toutefois du "XXe siècle", avant de conclure:

"C’est un très vieil homme, monsieur Macron".

Oxymore

Peu importe la chronologie, l'idée défendue est celle d'un chef de l'État engoncé dans des vieilleries sans prise sur la société actuelle et les enjeux qui la travaillent.

"Le macronisme, c'est un oxymore. Jamais un président n'a été physiquement aussi jeune, et politiquement aussi vieux", condamne Alexis Corbière auprès de BFMTV.com.

Amateur d'histoire, le député élu en Seine-Saint-Denis se prête au jeu des comparaisons entre Emmanuel Macron et quelques figures du passé: "Il y a du bonapartisme chez lui. Sa Première ministre Élisabeth Borne est un personnage assez secondaire, tout tourne autour de lui. Et puis il y a le côté Guizot car il est l'homme de la rente, de l'argent et du patrimoine transmis".

Sans prise sur les crises

Au-delà de l'anathème, le parlementaire explique en quoi les recettes proposées par le quadragénaire de l'Elysée auraient passé leur péremption.

"Il a un programme très tourné vers le passé et pas vers les solutions à nos problèmes", estime-t-il.

"Il y a une crise écologique sans précédent qui entraînera des désordres nouveaux et implique qu'on rompe avec ce système de prédation de la planète qu'est le capitalisme. Sur la crise sociale, il tient un vieux discours méprisant et conservateur sur les chômeurs qui seraient responsables de leur situation, on a entendu ça mille fois! Et au plan de la crise démocratique, il n'a pas d'idée de changement institutionnel".

"C'est le président des vieilles solutions qui échouent", résume Alexis Corbière.

Un "combat culturel"

Pourtant, depuis la parution de son essai Révolution en 2016 au renouvellement du personnel politique évoqué par La République en marche, Emmanuel Macron a bâti son récit politique sur le thème de la modernité.

"C'est un Janus à double face. Sur les photos, on le voit souriant, biscotos à l'air sur un jet-ski. C'est une communication qui vise à le faire passer pour un homme jeune alors qu'en fait il est poussiéreux", tranche encore Alexis Corbière.

En insistant sur l'obsolescence supposée du logiciel présidentiel, il s'agit donc pour la France insoumise de combattre Emmanuel Macron sur son propre terrain médiatique. "La politique est toujours un combat culturel", rappelle le parlementaire insoumis.

Article original publié sur BFMTV.com