L'Europe commémore les victimes de la Shoah sans la Russie

Des cérémonies et des hommages ont eu lieu dans plusieurs villes européennes, dont Kyiv et Oświęcim. La Russie, qui a pourtant libéré le camp d'Auchwitz-Birkenau, n'a pas été invitée.

Jour de deuil et de souvenir, à l'occasion de la Commémoration des victimes de la Shoah ce vendredi. Devant le Mémorial de Babyn Yar de Kyiv, Volodymyr Zelensky a déposé une gerbe de fleurs en hommage aux 30 000 juifs ukrainiens assassinés par les Nazis, quelques jours après avoir pris le contrôle de la capitale ukrainienne en 1941.

Le Président ukrainien, juif lui-même, a déclaré : "l'Ukraine honore la mémoire des millions de victimes de la Shoah. Nous savons, qu'ensemble, l'indifférence et la haine tuent. (...) L'indifférence et la haine créent ensemble le Mal", avant d'appeler "les nations du monde à surmonter l'indifférence pour qu'il y ait moins de place pour la haine".

À plusieurs centaines de kilomètres de là, à Oświęcim, en Pologne, l'invasion russe Ukraine était dans l'esprit de tous ceux venus commémorer les six millions de Juifs morts dans les camps de concentration. Dans son discours, Zdzislawa Wlodarczyk, survivante de l'Holocauste, n'hésite pas à dresser des parallèles : "aujourd'hui, alors que je me tiens ici à Auschwitz-Birkenau, je suis terrifié de lire des rapports sur une guerre qui se déroule si près de nous. La Russie, qui nous a libérés ici, mène à présent une guerre contre l'Ukraine. Pourquoi ? Pourquoi la politique ressemble-t-elle à ça ?"

Pour la première fois, la Russie n'a pas été invitée à la cérémonie dans le camp d'extermination, que ses soldats ont pourtant libéré en 1945.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, a quant à lui écrit sur Facebook: "le jour de la libération du camps hitlérien allemand de la mort Auschwitz-Birkenau, souvenons-nous que Poutine est en train de construire de nouveaux camps à l'Est. Fermement et ensemble, nous devons nous opposer aux démons criminels qui commettent un génocide à l'est de l'Europe."

Le chef du gouvernement polonais n'a pas fait davantage de déclarations sur ses accusations contre la Russie, qui font écho à des propos tenus en octobre dernier par le Volodymyr Zelensky. Ce dernier avait alors évoqué la prison d'Olenivka, dans les régions orientales de l'Ukraine aux mains des séparatistes prorusses, qu'il avait qualifiée de "camp de concentration où nos prisonniers sont détenus".

Les enquêteurs de l'ONU ont déclaré l'année dernière avoir collecté des informations sur plus de 400 détentions arbitraires et disparitions organisées par les forces russes en Ukraine.

Différentes organisations et institutions ont aussi dénoncé les attaques contre les populations civiles, les conditions de détention de civils et de prisonniers de guerre, le transfert forcé ou la filtration de citoyens ukrainiens - y compris d'enfants - vers la Russie et des meurtres et des violences sexuelles assimilables à des exécutions.

VIDÉO - La Face Katché de Delphine Horvilleur - "Mes grands-parents ne pouvaient pas dire ce qui leur était arrivé. Tellement c'était horrible. C'était des morts-vivants""