Avec sa lettre, Macron “semble se diriger vers un affrontement potentiellement explosif avec la gauche”

Il y a “de quoi faire bondir les oppositions”, commente Le Temps. Trois jours après les élections législatives anticipées qui ont plongé la France dans l’inconnu, Emmanuel Macron a estimé, dans une lettre aux Français publiée mercredi 10 juillet, que “personne ne l’a emporté dimanche”, et a appelé les forces politiques “républicaines” à “bâtir une majorité solide” et “plurielle” pour le pays.

Face à la coexistence inédite de trois blocs dans l’hémicycle - le Nouveau Front populaire, le bloc macroniste et le Rassemblement national - Il faut “inventer une nouvelle culture politique”, argue-t-il. En partance pour le sommet de l’Otan à Washington mercredi, le chef de l’État appelle les partis à se donner “un peu de temps” pour se mettre d’accord autour de “quelques grands principes pour le pays” et de “valeurs républicaines claires”, et indique qu’à l’issue de ces discussions, il “décidera de la nomination du Premier ministre”.

“La coalition du Nouveau Front populaire est arrivée inopinément en tête (dimanche), mais selon (lui), cela ne compte pas comme une victoire”, remarque Politico, qui voit là un “verdict peu gracieux du président, qui ne manquera pas de provoquer un tollé à gauche”.

Il faut dire que l’alliance “en pleine résurgence”, avec environ 180 sièges à l’Assemblée nationale, est loin d’avoir obtenu les 289 sièges synonymes de majorité absolue, observe le New York Times.

“Les germes d’une dérive”

Emmanuel Macron semble en tout cas “se diriger vers un affrontement potentiellement explosif avec la gauche, en particulier avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon”, “qu’il ne considère pas comme faisant partie des ‘forces républicaines’”, décrypte le New York Times. Pour le quotidien américain, cette missive publiée dans la presse régionale “semble contenir les germes d’une dérive et d’une confrontation possibles, dans la mesure où son interprétation du résultat des élections est loin d’être universellement, voire largement, partagée”.

Le journal s’étonne qu’Emmanuel Macron, “dont le style de gouvernement est très centralisé et vertical, au point qu’il a convoqué les élections sans consulter son propre Premier ministre”, lance un appel “à l’invention d’une nouvelle culture politique française” et à s’inspirer de “tant de nos voisins européens”. “Le fait qu’un président français de la Ve République, et en particulier un président qui a largement méprisé le Parlement jusqu’à présent, dise que la France devrait suivre l’exemple de l’Italie ou de la Belgique en adoptant une culture plus parlementaire est à la mesure du bouleversement que M. Macron a provoqué avec sa mystérieuse décision de convoquer des élections.”

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