L'Espagne débute l'exhumation des corps des victimes enterrées dans l'ex-mausolée de Franco

L'Espagne à l'heure du devoir de mémoire. Les travaux d'exhumation de victimes de la guerre civile espagnole (1936-39) enterrées dans le monumental mausolée érigé à la gloire de Franco près de Madrid ont débuté ce lundi, a annoncé le gouvernement de gauche.

"Enfin, et avec peut-être beaucoup de retard, la démocratie espagnole donne une réponse à ces victimes" et à leurs familles, a déclaré à la télévision publique la porte-parole du l'exécutif du socialiste Pedro Sánchez, Isabel Rodríguez, qui a précisé qu'il s'agissait pour l'instant de "travaux techniques".

Ce lancement tant historique que politique s'inscrit sur la base d'une loi dite "de Mémoire démocratique" adoptée à l'instigation du gouvernement de gauche, ces travaux commencent à moins de six semaines des élections législatives anticipées du 23 juillet. La droite a d'ores et déjà annoncé sa volonté d'abroger la loi si elle accède au pouvoir.

33.000 combattants enterrés

Le but des travaux est de récupérer les restes de 128 personnes qui se trouvent dans la "Valle de los Caídos", rebaptisée par le gouvernement de gauche "Valle de Cuelgamuros".

"C'est une tâche que le gouvernement de Pedro Sánchez promeut depuis des années avec pour objectif de tenter de récupérer ces corps et de les rendre à leurs proches pour qu'ils leur donnent une sépulture digne", a indiqué le ministère de la Présidence.

Dans la basilique, couronnée d'une croix de 150 mètres de haut, construite par le dictateur Francisco Franco, reposent quelque 33.000 combattants ayant appartenu aux deux camps de la guerre civile: les franquistes et les Républicains. Parmi ces derniers, beaucoup y ont été emmenés sans même que leurs familles en soient informées.

"Une question d'humanité"

Les restes de Franco ont occupé une place privilégiée dans l'autel de la basilique depuis sa mort en 1975, jusqu'en octobre 2019, lorsque le gouvernement de Pedro Sánchez les a transférés dans un cimetière de la banlieue de Madrid.
C'est en octobre dernier qu'est entrée en vigueur la loi de "Mémoire démocratique", l'une des priorités de Pedro Sánchez, qui vise notamment à extraire les restes des victimes du franquisme et à transformer l'ancien mausolée en un lieu de mémoire de cette période tragique. Le leader du Parti populaire (droite), Alberto Núñez Feijóo, a confirmé la semaine dernière qu'il abrogerait cette loi s'il arrivait au pouvoir après les prochaines élections, comme les sondages le prédisent, estimant qu'elle ravivait blessures et divisions dans la société espagnole. Le ministère de la Présidence a répliqué lundi qu'"il ne (s'agissait) pas de politique, mais simplement d'une question d'humanité".

Article original publié sur BFMTV.com