Les taliban occupent le centre de Kunduz en Afghanistan

par Feroz Sultani et Folad Hamdard KUNDUZ, Afghanistan (Reuters) - Les taliban afghans ont pris lundi le contrôle du centre de Kunduz, chef-lieu de la province du même nom dans le nord de l'Afghanistan, rapportent des témoins. La prise de cette ville de 300.000 habitants par les rebelles marquerait l'un des plus graves revers pour les forces de sécurité en quatorze ans de guerre. Les taliban ont lancé à l'aube des attaques aux trois principales entrées de la ville. Quelques heures plus tard, ils ont hissé leur drapeau blanc sur la grande-place de Kunduz puis ont occupé les bureaux du gouverneur provincial et le quartier général de la police. Les combattants islamistes ont libéré au passage des centaines de détenus qui se trouvaient dans la prison de la ville. "Nos hommes avancent maintenant vers l'aéroport", a précisé sur Twitter Zabihullah Mujahid, porte-parole des taliban. A Kaboul, un responsable afghan a confirmé la chute du siège du gouvernement provincial mais a précisé que les forces gouvernementales se regroupaient à l'aéroport de Kunduz, où des soldats des forces spéciales sont arrivés à bord d'un avion de transport C-130 afin de lancer une contre-attaque. "Nous allons repousser les taliban", a assuré à l'aéroport le gouverneur adjoint de la province, Abdullah Danishy. La mission d'assistance des Nations unies dans la ville a évacué ses bureaux dans la matinée, peu après le début de l'attaque. "Ils ont été transférés ailleurs en Afghanistan", a dit un porte-parole de l'Onu, Dominic Medley, sans préciser le nombre de personnes concernées. PRISONNIERS LIBÉRÉS Selon deux responsables des services de sécurité, des hommes armés, certains équipés de lance-grenades, ont envahi la prison de Kunduz et ont libéré des centaines de prisonniers. Les taliban ont attaqué à l'aube les quartiers de Khanabad, Chardara et Imam Saheb et ont réussi à progresser vers le centre malgré l'intervention d'hélicoptères de l'armée. Sayed Sarwar Hussaini, porte-parole de la police locale, a fait état de vingt morts parmi les assaillants et de trois blessés dans les rangs des forces de l'ordre. Plusieurs bâtiments étaient en feu. Zabihullah Mujahid a annoncé sur Twitter la prise d'un hôpital de 200 lits et celle de plusieurs bâtiments administratifs. Il a invité les habitants de Kunduz à rester chez eux. "Les moudjahidine s'efforcent d'épargner les civils. Les habitants peuvent être sûrs que nous ne leur causerons aucun problème", écrit-il. Un membre du personnel de l'hôpital a confirmé que des taliban, vraisemblablement à la recherche de soldats blessés, avaient pénétré dans l'établissement. "Ils ont visité nos chambres. Ils n'ont blessé personne et n'ont causé aucun dommage. Ils sont partis peu après", a-t-il déclaré. Relativement épargné par les combats, le nord de l'Afghanistan connaît une insécurité croissante depuis le retrait des forces étrangères à la fin de l'an dernier. Les taliban, chassés du pouvoir par une intervention militaire internationale fin 2001, avaient déjà tenté de prendre Kunduz en avril dernier. (Avec Mirwais Harooni, Jessica Donati et Hamid Shalizi; Jean-Stéphane Brosse, Jean-Philippe Lefief, Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)