Leïla Bekhti : "Je ne voulais pas instrumentaliser ma grossesse. Elle n’appartenait qu’à moi"

Avec deux films en salles cet automne, la comédienne est sur tous les fronts. Y compris au Festival du film américain de Deauville où elle est cette année membre du jury.

Copyright : Olivier Vigerie
Copyright : Olivier Vigerie

Pourquoi avez-vous accepté ce rôle de membre du jury à Deauville ?

Parce que j’avais adoré être membre du jury pour Un Certain Regard à Cannes. J’aime autant jouer que regarder des films. D’ailleurs, quand je reçois un scénario, la première question que je me pose est celle de savoir si j’aurais envie d’aller le voir. Et puis, j’ai la chance d’être là avec Sandrine Kiberlain que je connais bien dans la vie et avec laquelle je rêve de tourner. Un hommage va aussi être rendu à Jacques Audiard qui m’a dirigée dans Un prophète avec Tahar (Rahim, son mari, NDLR). Et Karim Leklou, dont je suis très proche, fait partie du jury « Révélations ». Je suis en famille ici.

Quel a été votre choc cinéma de l’année ?

Jusqu’à la garde. C’est un film immense sur les violences domestiques qui reste longtemps en tête et dans lequel Léa Drucker m’a scotchée. J’ai justement pu le dire au réalisateur Xavier Legrand qui fait partie du jury de Deauville aussi.

Vous n’avez pas de scrupules à juger vos confrères ?

Tout dépend de la façon dont c’est fait. Je ne passerais pas de temps inutile à dégommer un film que je n’aime pas. Je préfèrerais toujours mettre mon énergie au service de ceux que j’aime.

Vous avez joué cette année dans un film américain Opération Beyrouth. Bientôt une carrière à Hollywood ?

J’en doute ! C’était une petite participation et je n’ai pas d’agent aux Etats-Unis. La directrice de casting avait entendu parler de la série Jour Polaire et ça s’est fait comme ça . Mais je suis l’actrice française qui a fait le moins de promotion sur sa carrière américaine ! Il m’arrive de passer des essais pour des films là-bas mais je n’ai pas le rêve américain. J’ai le rêve tout court.

Un mot sur votre actu ?

Je viens de finir le tournage de Chanson douce de Lucie Borleteau, adapté du roman de Leïla Slimani qui fait elle aussi partie du jury à Deauville. C’est un rôle très difficile de mère qui perd ses deux enfants, tués par une nounou que joue Karin Viard.

Vous serez aussi dans Le grand bain de Gilles Lellouche le 24 octobre ?

J’ai adoré faire ce film. C’est drôle mais aussi très tendre. C’est l’histoire de mecs à qui on a dit : « Si tu n’as pas de Rolex à 40 ans, tu as raté ta vie ». Et tous se battent ensemble contre cette idée. Pour jouer cette coach de natation synchronisée qui crie beaucoup, j’étais en lâcher prise total. Physiquement aussi. Enceinte au moment du tournage, je pesais 20 kilos de plus mais je l’assume très bien. Je ne demandais pas à Gilles de mettre la caméra à tel endroit pour me flatter. Il aurait eu du mal de toute façon. (Rires) J’ai ensuite enchaîné avec le film de Hervé Mimran, Un homme pressé, dans lequel j’interprète une orthophoniste qui réapprend à parler à un homme victime d’un AVC joué par Fabrice Luchini. Ca sort le 7 novembre. J’étais très enceinte au moment du tournage mais mon personnage ne l’est pas. Je ne voulais pas instrumentaliser ma grossesse au cinéma. Elle n’appartenait qu’à moi. Après ces tournages, je suis d’ailleurs restée 6 bons mois chez moi, loin des caméras.

Et comment vivez-vous la séparation avec votre fils pendant cette semaine à Deauville ?

Très bien puisqu’il est venu avec moi. Je n’ai pas découché une nuit depuis qu’il est né. Je n’arrive pas encore à couper le cordon !

Vous allez bientôt retrouver Géraldine Nakache au cinéma ?

Enfin ! Le 21 septembre, nous entamons le tournage de J’irai où tu iras, le premier film qu’elle réalise toute seule. Nous ne nous sommes jamais quittées dans la vie depuis Tout ce qui brille mais je suis très impatiente de la retrouver sur un plateau !

Propos recueillis par Marilyne Letertre

Découvrez le teaser du Grand Bain

A LIRE AUSSI
> Blackkklansman, la comédie qui se moque de l’Amérique raciste
> DIAPORAMA. Les futures stars hollywoodiennes.
> Guy, l’excellent docu-fiction ovni d’Alex Lutz